Goma, 12 avril 2025 — Dans l’est de la République démocratique du Congo, des tirs d’armes lourdes et légères ont retenti toute la nuit du 11 au 12 avril dans plusieurs quartiers de Goma, plongeant la population dans une psychose généralisée. Selon des sources sécuritaires, ces détonations, particulièrement intenses, seraient le résultat d’une incursion menée par des combattants Wazalendo appuyés par des éléments des FARDC, contre les positions tenues par les rebelles de l’AFC/M23, qui occupent une grande partie de la ville depuis plusieurs mois.
Affrontements violents dans les quartiers nord-ouest
Les combats auraient commencé vers 22 heures, notamment dans les zones de Mutaho et de Munigi, avant de s’étendre vers les quartiers habités de Ndosho, Kyeshero, Katoyi et Mugunga. Des explosions puissantes, vraisemblablement des obus de mortier, ont été entendues jusqu’au centre-ville. Certains habitants affirment avoir vu des colonnes de fumée s’élever au loin, tandis que d’autres rapportent que des maisons ont été touchées par des éclats d’obus.
« On ne pouvait pas dormir. Chaque minute, il y avait des tirs. On ne savait pas d’où cela venait ni qui attaquait. On pensait que c’était la fin du monde », confie un habitant de Mugunga, encore tremblant après une nuit passée au sol, caché sous son lit avec sa famille.
Un climat de confusion et de panique
La confusion a été totale pendant plusieurs heures, les tirs provenant de plusieurs directions. Des rumeurs de percée des Wazalendo dans certains quartiers urbains ont circulé sur les réseaux sociaux, provoquant des mouvements de panique. De nombreuses familles ont quitté précipitamment leur domicile pour se réfugier dans les écoles, les églises ou les zones qu’elles estimaient plus sûres.
La circulation est restée quasi inexistante dans la matinée du 12 avril, la ville étant paralysée par la peur. Les commerces n’ont pas ouvert, les écoles ont suspendu les cours, et de nombreux habitants craignent que la situation ne dégénère à tout moment.
Vers un tournant dans le conflit ?
Cette attaque nocturne est perçue par certains analystes comme un signal fort de la volonté des forces loyalistes et des groupes d’autodéfense locaux de reprendre l’initiative face à un M23 désormais profondément enraciné à Goma. Toutefois, l’ampleur de la riposte rebelle, le soutien logistique présumé venu du Rwanda, et la complexité du terrain urbain rendent l’équation militaire extrêmement délicate.
La Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), en phase de retrait, n’a pour l’instant pas communiqué sur la situation, tandis que les autorités provinciales restent silencieuses.
Appel à la retenue et à la protection des civils
Les organisations de la société civile appellent les belligérants à épargner les civils et à respecter le droit international humanitaire. Plusieurs ONG locales ont déjà signalé des dégâts collatéraux dans les habitations et des cas de traumatismes psychologiques, notamment chez les enfants.
Alors que le conflit se poursuit, les habitants de Goma, eux, continuent de vivre au rythme des balles et des bombes, dans une incertitude totale quant à l’issue de cette guerre qui déchire l’est de la RDC.