La ville d’Uvira, située dans la province du Sud-Kivu, tente de retrouver un semblant de normalité après plusieurs jours de violences meurtrières entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens Wazalendo. Ces affrontements, qui ont éclaté dans un contexte de tensions exacerbées par l’avancée du M23, ont causé la mort d’au moins 20 personnes et fait des dizaines de blessés, selon les sources sanitaires locales.
Un bilan humain lourd : des dizaines de morts et de blessés
Selon le médecin chef de zone d’Uvira, le docteur Mpanzu Nimi, les structures sanitaires de la ville ont enregistré plus de 60 blessés, dont la majorité ont été touchés par balles.
« À ce jour, toutes les structures sanitaires réunies, nous avons déjà enregistré plus de 60 blessés et plus d’une vingtaine de morts survenus à cause des coups de feu », a-t-il déclaré.
L’hôpital général de référence d’Uvira prend en charge gratuitement les blessés, grâce à une coordination entre les autorités sanitaires et les organisations humanitaires présentes sur place.
« Tous les blessés sont pris en charge gratuitement. Même ceux qui arrivent par les centres de santé sont référés à l’hôpital général où nous assurons leur traitement », a ajouté le docteur Mpanzu Nimi.
Une ville marquée par la peur et l’exode massif de sa population
Malgré un retour progressif au calme, la situation reste fragile. Des tirs sporadiques sont encore entendus dans certains quartiers de la ville, où la présence des miliciens Wazalendo demeure visible. L’armée congolaise (FARDC) maintient également une forte présence sur le terrain, dans le but de stabiliser la situation.
Face aux violences, la population d’Uvira a fui en masse. Plusieurs habitants ont traversé la frontière pour se réfugier au Burundi, tandis que d’autres ont pris la direction des localités de Kalemie et Moba, dans la province voisine de Tanganyika.
Pourquoi ces affrontements ont-ils éclaté à Uvira ?
La ville d’Uvira est devenue le théâtre d’affrontements sanglants en raison de l’évolution du conflit dans l’Est de la RDC. Avec la progression du M23 dans le Nord-Kivu, plusieurs militaires congolais se sont repliés vers Uvira, espérant embarquer en bateau vers Kalemie pour éviter l’encerclement.
Cependant, les miliciens Wazalendo, qui se considèrent comme des défenseurs de la patrie face à l’ennemi extérieur, ont exigé que les soldats leur cèdent armes et munitions avant de quitter la ville. Ce désaccord a dégénéré en affrontements meurtriers entre les deux factions armées, entraînant des pertes humaines importantes et un chaos sécuritaire dans toute la région.
Les appels à la protection des civils se multiplient
Face à cette recrudescence des violences, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité de protéger les civils et les équipes médicales qui opèrent sur le terrain.
La population locale, déjà éprouvée par l’insécurité chronique dans la région, réclame une action rapide et efficace des autorités congolaises pour garantir un retour durable à la paix.
Vers une stabilisation ou une nouvelle escalade de la violence ?
Alors que l’armée tente de reprendre le contrôle de la ville, plusieurs interrogations subsistent quant à l’avenir sécuritaire d’Uvira. L’instabilité persistante dans l’Est du pays, exacerbée par la montée en puissance du M23 et la prolifération des groupes armés, rend la situation particulièrement complexe.
La communauté internationale et les organisations humanitaires continuent d’appeler au dialogue et à des mesures urgentes pour prévenir une nouvelle flambée de violence.
En attendant, Uvira panse ses plaies et tente de se relever d’un nouveau cycle de violences qui, une fois de plus, plonge la population dans l’incertitude et la souffrance.