Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a accusé son prédécesseur Joseph Kabila d’être le véritable instigateur de la rébellion du M23 qui sévit dans l’est du pays avec l’appui de l’armée rwandaise. Cette déclaration a été faite le vendredi 14 février 2025, lors de son séjour en Allemagne, où il participait à la Conférence de Munich sur la sécurité.
Une accusation lourde de conséquences
S’exprimant devant un parterre de dirigeants et d’experts en sécurité internationale, Félix Tshisekedi a pointé du doigt l’ancien chef d’État, affirmant que Joseph Kabila, sans l’avouer publiquement, était à l’origine de cette insurrection armée qui menace l’intégrité territoriale de la RDC.
« Je n’ai absolument pas l’impression que l’opposition qui a pris les armes, qui a fomenté avec le Rwanda ce coup contre la République, est dans son bon droit. D’ailleurs, les vrais commanditaires se cachent. Et le vrai commanditaire de cette opposition, c’est mon prédécesseur, Joseph Kabila. Mais, il ne l’avoue pas. Il n’assume pas ses actions. »
Ces déclarations marquent un tournant dans la rhétorique présidentielle, accusant non seulement le Rwanda de soutenir les rebelles, mais aussi une figure politique de premier plan au sein du pays.
Le PPRD rejette en bloc ces accusations
Face à ces graves accusations, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique de Joseph Kabila, n’a pas tardé à réagir. Son secrétaire exécutif national, Ferdinand Kambere, a dénoncé une tentative de diversion et une stratégie visant à masquer les failles du pouvoir actuel dans la gestion de la crise sécuritaire.
« Monsieur le Chef de l’État, en accusant Joseph Kabila, vous perdez toute l’attention de la nation, alors que vous avez appelé à la solidarité pour faire face à cette guerre du Rwanda et cette guerre d’agression. »
Selon Kambere, ces déclarations de Félix Tshisekedi traduisent un désespoir face à l’avancée des rebelles et une volonté de détourner l’opinion publique de la situation sur le terrain.
Une guerre de leadership en pleine crise sécuritaire
Les propos du président Tshisekedi surviennent à un moment où la situation sécuritaire en RDC est plus préoccupante que jamais. L’avancée du M23, soutenu par le Rwanda selon l’ONU, a conduit à l’occupation de plusieurs localités stratégiques à l’Est du pays, notamment l’aéroport de Kavumu au Sud-Kivu.
Cette accusation portée contre Joseph Kabila introduit une nouvelle dimension politique à la crise, en transformant ce conflit en une lutte de pouvoir entre l’actuel chef de l’État et son prédécesseur. Pour certains observateurs, cette sortie de Tshisekedi pourrait exacerber davantage les tensions internes, à un moment où l’unité nationale est cruciale pour contrer l’avancée des rebelles.
Une fracture politique qui inquiète
La déclaration de Tshisekedi pose une question fondamentale : cette guerre est-elle encore une agression extérieure ou est-elle en train de se transformer en une bataille interne pour le pouvoir ?
Ferdinand Kambere ne cache pas son inquiétude face à ce qu’il considère comme une politisation du conflit.
« Cette guerre de l’Est n’est donc plus une agression rwandaise, mais plutôt celle entre lui et son prédécesseur ? Est-ce qu’on est en train d’aider la République avec tout ça ? »
La guerre entre le gouvernement et le M23 risque donc de se doubler d’une bataille politique entre Tshisekedi et Kabila, ce qui pourrait compromettre les efforts de mobilisation nationale et internationale pour ramener la paix à l’Est.
Vers une escalade politique et militaire ?
Avec cette nouvelle accusation, la crise congolaise prend une tournure encore plus complexe. L’opinion publique reste divisée sur la véracité des accusations portées contre Joseph Kabila, tandis que la situation sur le terrain continue de se détériorer.
Alors que Félix Tshisekedi rentre au pays après son séjour en Allemagne, tous les regards sont tournés vers ses prochaines actions pour gérer à la fois la crise sécuritaire et la tempête politique qu’il vient de déclencher.
L’avenir dira si cette déclaration marque le début d’une nouvelle phase dans la guerre de l’Est ou si elle reste un simple épisode de la rivalité entre les deux anciens alliés devenus adversaires.