Face à l’intensification des combats dans la région de Walikale, la société Alphamin Bisie Mining (ABM), l’un des plus grands producteurs d’étain en République démocratique du Congo (RDC), a annoncé la suspension immédiate de ses activités d’exploitation minière à partir du vendredi 14 mars 2025. Cette décision fait suite aux affrontements entre les rebelles du M23 et les forces coalisées des Forces armées de la RDC (FARDC) et des milices wazalendo, rendant la situation sécuritaire particulièrement préoccupante.
Un arrêt contraint par l’insécurité croissante
Dans un communiqué officiel adressé à ses employés, ABM a justifié cette suspension par la nécessité de garantir la sécurité de son personnel, de ses clients et de ses partenaires. La délégation syndicale de l’entreprise a sollicité cette interruption, considérant que les conditions actuelles ne permettent plus le bon déroulement des opérations minières.
« Nous portons à votre connaissance que, pour des raisons de force majeure et de sécurité, toutes les activités de la mine seront suspendues à partir de ce vendredi et ce, jusqu’à nouvel ordre. Cette décision a été prise, sur demande de la délégation syndicale, après une évaluation approfondie des risques pour la sécurité de notre personnel, de nos clients et de nos partenaires. La sécurité de tous est notre priorité », indique le communiqué d’ABM.
Un plan d’évacuation a été mis en place afin de permettre à la majorité des employés de quitter la mine. Toutefois, un personnel réduit sera maintenu sur site pour assurer les fonctions essentielles, notamment dans les départements de la mine, de la sécurité, de l’ingénierie, ainsi que dans l’hôpital et le service logistique.
Alphamin Bisie Mining : un acteur clé de l’exploitation de l’étain en RDC
La société Alphamin Bisie Mining est un acteur majeur dans l’exploitation minière en RDC. En 2023, l’entreprise avait produit 3 187 tonnes d’étain au premier trimestre, confirmant son rôle stratégique dans l’industrie minière congolaise et mondiale.
Le projet minier de Bisié, situé à environ 180 km au nord-ouest de Goma, dans la province du Nord-Kivu, représente une source importante de revenus et d’emplois dans la région. Il s’agit d’un partenariat entre Alphamin Resources, le gouvernement de la RDC, et l’Industrial Development Corporation (IDC) d’Afrique du Sud.
Le site minier est situé à 60 km de Walikale-centre et à 32 km de la route nationale reliant Walikale à Kisangani. Son positionnement stratégique en fait un enjeu économique et sécuritaire majeur.
Des combats intenses entre le M23 et les FARDC à Kibati
L’escalade de la violence dans le territoire de Walikale a particulièrement touché la localité de Kibati, où les affrontements entre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et les forces coalisées des FARDC et des milices wazalendo ont atteint un niveau critique.
Des sources locales rapportent que jeudi 13 mars 2025, les combats se sont intensifiés, les belligérants se disputant le contrôle de Kibati, une position stratégique sur l’axe Walikale-Kisangani. À la fin de la journée, aucune des parties ne détenait un contrôle total sur la localité, laissant l’issue des affrontements incertaine.
L’impact de l’instabilité sur l’économie minière congolaise
L’interruption des activités d’Alphamin Bisie Mining pourrait avoir des répercussions économiques considérables sur la région du Nord-Kivu et sur l’ensemble du secteur minier congolais. L’exploitation de l’étain est une source cruciale de revenus pour la RDC, et toute perturbation prolongée pourrait affecter l’approvisionnement mondial.
Les événements récents rappellent la fragilité du climat sécuritaire dans l’est du pays, où la présence de groupes armés perturbe non seulement la vie des populations civiles mais aussi les investissements et le développement économique.
Vers une reprise des activités ?
La suspension des opérations d’ABM est annoncée comme temporaire, mais une reprise dépendra de l’évolution de la situation sécuritaire à Walikale et dans ses environs. Tant que les combats persisteront, il sera difficile d’envisager un retour à la normale.
Le gouvernement congolais devra donc accélérer ses efforts pour stabiliser la région et sécuriser les sites stratégiques comme celui de Bisié. En attendant, la communauté internationale, notamment les investisseurs étrangers, surveille de près l’évolution de la situation, craignant un impact plus large sur le secteur minier de la RDC.
