Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme ce lundi à Genève sur les conséquences potentiellement catastrophiques du retrait financier des États-Unis dans la lutte contre les pandémies. Selon lui, la décision de l’administration Trump de suspendre les financements internationaux pourrait compromettre des décennies de progrès contre des maladies telles que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose.
Une menace directe sur des millions de vies
L’OMS estime que l’arrêt des financements américains pourrait entraîner plus de 10 millions de nouvelles infections au VIH et causer trois millions de décès supplémentaires liés au sida dans les prochaines années. Les efforts mondiaux visant à contenir l’épidémie risquent de s’effondrer, alors que les États-Unis ont historiquement été le principal bailleur de fonds des programmes de prévention et de traitement.
« Nous constatons déjà des perturbations majeures dans l’approvisionnement en traitements antirétroviraux et en matériel de prévention », a déclaré Tedros lors de son point de presse.
Le paludisme est également menacé. Entre 2000 et 2020, grâce aux efforts soutenus des États-Unis, 2,2 milliards de cas ont été évités et 12,7 millions de vies ont été sauvées. Désormais, l’OMS prévoit que 15 millions de nouveaux cas et 107 000 décès supplémentaires pourraient survenir d’ici 2025 en raison des interruptions d’approvisionnement en tests de diagnostic, en médicaments et en moustiquaires imprégnées.
La situation est tout aussi préoccupante pour la tuberculose. Actuellement, 27 pays d’Afrique et d’Asie font face à des pénuries critiques dans les chaînes de prévention et de traitement. Neuf d’entre eux signalent déjà des ruptures de stock en médicaments essentiels.
Une décision politique aux répercussions mondiales
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a engagé une refonte des engagements internationaux des États-Unis. Cela s’est traduit par une réduction drastique des subventions de l’USAID et un gel progressif des financements destinés aux programmes de santé mondiaux.
Si Tedros reconnaît le droit des États-Unis de réévaluer leur aide internationale, il plaide pour un retrait progressif et coordonné, permettant aux pays les plus vulnérables de trouver des sources alternatives de financement.
« Il est essentiel que Washington engage un dialogue avec les bénéficiaires afin de trouver des solutions durables et éviter des interruptions brutales qui coûteraient des millions de vies », a-t-il insisté.
Un appel urgent à la solidarité internationale
Face à cette menace, le chef de l’OMS exhorte les autres nations donatrices à renforcer leurs engagements financiers pour combler le vide laissé par les États-Unis. Il appelle également les gouvernements à augmenter leurs investissements nationaux en santé publique afin de réduire leur dépendance aux financements étrangers.
Si aucune solution n’est trouvée rapidement, la communauté internationale pourrait assister à un retour en arrière dramatique dans la lutte contre certaines des pandémies les plus meurtrières de l’histoire récente.