RDC : Un patrouilleur en haute mer pendant que l’Est brûle : Fierté ou absurdité stratégique ?

Benediction Murabazi
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Alors que la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une guerre brutale menée par le M23, soutenu par le Rwanda, le gouvernement vient d’accueillir son tout premier Patrouilleur Haute Mer (PHM-P142), baptisé “Alternance pacifique”. Une acquisition qui pourrait renforcer la souveraineté maritime du pays, mais dont l’utilité immédiate face aux enjeux sécuritaires actuels soulève de sérieux doutes.

Un navire de guerre alors que l’ennemi avance sur terre ?

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La cérémonie de baptême de ce patrouilleur s’est tenue le lundi 10 mars 2025 au port de Boma, en présence du Vice-Premier ministre de la Défense, Guy Kabombo Muadiamvita, et de plusieurs officiers des Forces armées de la RDC (FARDC). Mais dans un contexte où l’armée peine à contenir l’avancée des rebelles à l’Est, la population congolaises dit que; cette acquisition ressemble davantage à une distraction qu’à une réponse stratégique aux menaces immédiates

Le choix du nom “Alternance pacifique”, en référence au transfert de pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi en 2019, donne une connotation politique à cette acquisition. Mais le peuple congolais attend bien plus qu’un symbole : il attend des victoires concrètes sur le terrain contre ceux qui massacrent, pillent et occupent le territoire national.

Un choix stratégique ou un gadget militaire ?

Si ce patrouilleur peut aider à mieux sécuriser les côtes congolaises sur l’Atlantique, il ne peut en rien stopper les massacres et les viols commis par les groupes armés dans le Nord-Kivu, l’Ituri et d’autres provinces en crise. Face à un conflit asymétrique et terrestre, où des civils sont quotidiennement exécutés sous l’œil impuissant de l’armée, l’efficacité d’un navire de guerre semble hors sujet.

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La vraie question est donc la suivante : la RDC a-t-elle fait le bon choix en investissant dans la marine alors que son armée terrestre est en difficulté face aux rebelles ?

Un timing qui frustre plus qu’il ne rassure

Alors que des millions de Congolais sont déplacés, que des soldats tombent au front et que l’ennemi avance, l’annonce de ce nouveau navire militaire est perçue par certains comme une manœuvre de communication plutôt qu’une réelle avancée dans la défense nationale.

Pourquoi un tel investissement alors que les FARDC manquent d’équipements modernes sur le terrain, que les soldats se battent souvent avec des moyens rudimentaires, et que le soutien international reste timide face à l’agression rwandaise ? Se demande la population congolaise.

Fierté nationale ou coup d’épée dans l’eau ?

Si le PHM-P142 “Alternance pacifique” marque une évolution pour la marine congolaise, la priorité de la RDC reste et doit rester la reconquête de son territoire occupé. Tant que les FARDC ne parviennent pas à stopper l’avancée du M23 et des autres groupes armés, cette acquisition risque d’être vue comme une diversion coûteuse, loin des véritables préoccupations des Congolais.

Le gouvernement pourra-t-il prouver que ce navire est plus qu’un simple trophée symbolique ? Ou restera-t-il le symbole d’une RDC qui se dote d’armes en mer, pendant que son peuple meurt sur terre ? L’histoire jugera.

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