Le mardi 18 mars 2025, Bruno Lemarquis, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC et coordinateur humanitaire de la MONUSCO, a tenu une rencontre avec Corneille Nangaa Yobeluo et Bertrand Bisimwa, respectivement coordinateur et coordinateur adjoint de l’AFC/M23. Cette réunion, qui s’inscrit dans un contexte de crise humanitaire aiguë, visait à discuter des modalités d’assistance aux populations déplacées dans les zones actuellement contrôlées par le M23/AFC.
Un dialogue sous haute tension
Depuis que le M23/AFC a pris le contrôle de Goma, Bukavu et d’autres localités de l’Est de la RDC, la situation humanitaire s’est fortement dégradée. Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, cherchant refuge dans des camps de fortune ou des villages plus éloignés.
C’est dans ce contexte que la MONUSCO a engagé des discussions avec la coordination du M23/AFC afin d’examiner les possibilités d’acheminer une aide humanitaire aux populations affectées.
« Notre priorité est d’assurer l’accès humanitaire aux civils touchés par le conflit et de garantir leur protection, conformément au droit international humanitaire », a déclaré Bruno Lemarquis lors de la rencontre.
Une situation humanitaire critique dans l’Est
Les violents affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC), leurs alliés Wazalendo et le M23/AFC ont aggravé la crise humanitaire. Des milliers de familles vivent actuellement sans accès aux soins de santé, à l’eau potable et à la nourriture.
Selon les Nations Unies, plus d’un million de personnes sont actuellement déplacées en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. La prise de contrôle de plusieurs villes et axes routiers par le M23/AFC complique l’acheminement de l’aide humanitaire.
« Nous devons nous assurer que l’aide atteint tous ceux qui en ont besoin, sans distinction », a souligné le responsable de la MONUSCO.
Des discussions controversées
Si cette rencontre marque un pas vers une coordination humanitaire, elle ne fait pas l’unanimité. Le gouvernement congolais et plusieurs organisations de la société civile dénoncent tout dialogue avec un groupe armé qu’ils considèrent comme responsable de crimes de guerre et de déplacements massifs de populations.
Dans un communiqué officiel, le gouvernement congolais a exprimé ses réserves sur ces discussions, estimant qu’elles pourraient légitimer la présence du M23/AFC dans les territoires conquis.
« Il est inacceptable que l’ONU traite directement avec un groupe armé qui continue d’aggraver la souffrance des Congolais », a réagi un haut responsable congolais sous anonymat.
Vers un accès sécurisé à l’aide humanitaire ?
Malgré les tensions, la MONUSCO affirme que son objectif principal reste purement humanitaire. Elle espère obtenir des garanties de sécurité pour ses convois humanitaires et ses partenaires, afin de faciliter la distribution d’aide dans les zones sous contrôle du M23/AFC.
Les prochains jours seront déterminants pour savoir si cet échange aboutira à des actions concrètes ou s’il ne restera qu’un dialogue sans suite. Le sort de milliers de déplacés en dépend.
