Un violent incendie a ravagé la commune de Kadutu à Bukavu, dans la nuit du 15 mars 2025, causant la mort d’une fillette de huit ans et détruisant une trentaine de maisons. Ce drame survient dans un contexte déjà marqué par la crise sécuritaire et humanitaire provoquée par l’occupation de la ville par les rebelles de l’AFC/M23 depuis mi-février.
Un incendie dévastateur en pleine nuit
Selon des témoins, le feu s’est déclaré aux alentours de 00h30, dans une habitation du quartier Cimpunda, avant de se propager rapidement aux maisons voisines, construites en bois et en matériaux précaires.
Samuel Ushindi Miango, l’un des sinistrés, raconte le drame avec émotion :
« Ici, c’était chez nous. C’était une maison en planches bitumées. Le feu s’est déclaré chez un voisin alors que nous dormions. Nous ne connaissons toujours pas la cause exacte de l’incendie, mais il y avait du courant dans le quartier. Nous n’avons rien pu sauver, nous avons tout perdu. Aujourd’hui, nous passons la nuit sous la pluie, sans aide ni solution. Nous demandons aux autorités actuelles du M23 de nous venir en aide. »
Un quartier vulnérable aux incendies
La commune de Kadutu, l’une des plus peuplées de Bukavu, est connue pour ses habitations anarchiques, souvent construites sans plan d’urbanisme et avec des raccordements électriques précaires. Ces conditions favorisent les incendies à répétition, d’autant plus en période de crise où les services d’urgence sont quasiment inexistants.
Des familles entières ont perdu leur toit et passent désormais leurs nuits à la belle étoile, sans aucune assistance humanitaire.
L’angoisse d’une population déjà traumatisée par la guerre
Pour de nombreux habitants de Bukavu, cet incendie vient aggraver une situation déjà dramatique. Depuis l’occupation de la ville par les rebelles de l’AFC/M23, la population vit dans un climat de peur et d’incertitude, contrainte de rentrer chez elle avant la tombée de la nuit pour éviter les violences et les pillages.
Emiliane Lushombo, qui est venue en aide à sa mère sinistrée, témoigne :
« Elle n’a rien sauvé sauf sa vie. Nous étions déjà dans la psychose à cause de la guerre et voici qu’un autre malheur nous frappe. Nous avons besoin de paix et de sécurité, mais nous ne savons plus vers qui nous tourner. »
La crise économique qui frappe Bukavu depuis son occupation par le M23 exacerbe la détresse des habitants. Les banques sont fermées, les stocks alimentaires s’amenuisent et le chômage touche une grande partie de la population.
Adolphe Kajabika Kaningu, père de cinq enfants, explique ses craintes :
« Ces derniers temps, il n’y a plus d’emplois, plus de banques, plus de réserves alimentaires… Nous avons tout perdu. Nous sommes totalement démunis. »
Quelle réponse des autorités en place ?
Le maire de Bukavu, récemment nommé par l’AFC/M23, s’est rendu sur les lieux du sinistre pour évaluer les dégâts et promettre une réponse rapide.
« Nous avons fait un rapport à notre hiérarchie et nous espérons proposer des solutions dans les prochaines 48 heures », a-t-il déclaré.
Toutefois, aucune mesure concrète d’aide aux sinistrés n’a encore été annoncée, laissant les victimes de l’incendie dans le désarroi total.
Un drame révélateur des défis humanitaires à Bukavu
Cet incendie tragique met en lumière les nombreux défis humanitaires auxquels Bukavu est confrontée sous le contrôle du M23 :
- L’absence de secours d’urgence : Les pompiers n’ont pas pu intervenir à temps pour maîtriser l’incendie.
- Le manque d’abris pour les sinistrés : Plusieurs familles dorment dehors, exposées aux intempéries.
- L’aggravation de la crise humanitaire : Avec l’occupation de Bukavu par l’AFC/M23, l’accès aux ressources et à l’aide internationale est devenu encore plus difficile.
Vers une aggravation de la crise ?
Alors que Bukavu tente de se relever de ce drame, la question demeure : les autorités en place apporteront-elles une assistance suffisante aux sinistrés ?
Dans un climat marqué par l’insécurité et la précarité, la population de Bukavu attend désespérément un signe d’espoir, tandis que l’avenir de la ville reste plus incertain que jamais.