Kinshasa, 26 février 2025 – Le président Félix Tshisekedi a reçu, mardi soir à la Cité de l’Union africaine, le gouverneur élu du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi. Contraint de quitter Bukavu, désormais aux mains du M23 soutenu par le Rwanda, le gouverneur a indiqué avoir reçu des instructions officielles pour gérer la province depuis la ville d’Uvira.
Le gouverneur du Sud-Kivu en exil
Lors de cette rencontre, le président Tshisekedi a exprimé sa compassion et son soutien à M. Purusi face à la crise sécuritaire qui frappe le Sud-Kivu. Ce dernier a assuré être réconforté par cet appui et a salué les efforts diplomatiques de la RDC pour faire face à cette situation.
Depuis mi-février, Bukavu, capitale du Sud-Kivu, est sous le contrôle de l’armée rwandaise et du M23. Cette invasion a provoqué le déplacement de milliers d’habitants, aggravant la crise humanitaire dans la province.
Uvira sous tension et en proie aux violences
Pendant que le gouverneur Purusi s’apprête à administrer depuis Uvira, cette ville stratégique du Sud-Kivu fait également face à une escalade des violences. L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a alerté sur l’aggravation de l’insécurité depuis le 15 février.
La semaine dernière, de violents combats entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les miliciens Wazalendo ont fait au moins 27 morts dans la région. Cette instabilité a poussé MSF à réduire temporairement ses opérations.
« En entendant les tirs, nous devions nous mettre à l’abri avec les patients, ce qui a retardé leur prise en charge », témoigne un agent de MSF.
L’organisation rapporte un afflux massif de blessés dans les hôpitaux d’Uvira depuis le 17 février, avec plus de 100 patients pris en charge en quelques jours. Face à cette urgence, MSF prévoit de réorienter ses activités vers les soins aux blessés de guerre et l’acheminement de matériel médical.
Crise humanitaire et déplacements massifs
Selon les autorités burundaises, environ 35 000 personnes ont fui Uvira depuis le début du mois, accentuant l’urgence humanitaire dans la région.
Caglar Tahiroglu, coordinatrice de MSF à Uvira, a lancé un appel aux belligérants pour qu’ils respectent la protection des civils et des structures sanitaires.
Alors que Bukavu reste sous occupation, la gestion du Sud-Kivu à distance pose un défi majeur pour Jean-Jacques Purusi et l’administration provinciale, dans un contexte de guerre et d’incertitude croissante.