Qui contrôle vraiment l’Est de la RDC? Le M23/AFC soutenu par le Rwanda impose sa propre banque

Benediction Murabazi
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Un projet bancaire au cœur du conflit

-Publicite -

Dans un geste qui marque une escalade politique et économique, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), groupe rebelle allié au M23 et soutenu par le Rwanda, annonce la création imminente de la Banque du Kivu (BDK). Cette institution bancaire, qui devrait bientôt débuter ses activités, vise à offrir une alternative financière dans les territoires actuellement sous leur contrôle. Cette initiative apparaît comme une tentative de consolidation de leur emprise sur la région, tout en défiant ouvertement l’autorité du gouvernement congolais.

Un secteur bancaire paralysé par Kinshasa

Depuis la décision de Kinshasa de suspendre les services bancaires dans l’Est de la RDC, les zones sous occupation du M23 ont été plongées dans une crise économique profonde. La fermeture des principales banques ; Rawbank, TMB, Equity Bank, Sofibanque, Ecobank, Bank of Africa, Access Bank et BDEGL a entraîné des conséquences catastrophiques :

Rupture des transactions commerciales

Retards et interruptions dans le paiement des salaires

Forte réduction des échanges avec les pays voisins

Ce blocus bancaire imposé par le gouvernement vise à asphyxier économiquement les groupes rebelles. Toutefois, l’AFC/M23, en lançant la BDK, semble chercher à contourner cette mesure et à créer un système financier parallèle.

Une banque pour asseoir l’autorité rebelle ?

L’annonce du lancement de la Banque du Kivu est perçue comme une stratégie de l’AFC/M23 pour renforcer son contrôle sur les territoires conquis. En mettant en place une infrastructure bancaire indépendante, le groupe rebelle tente de légitimer son administration parallèle et d’attirer les populations locales dans son système financier.

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Cette banque ne se limite pas à une simple institution locale. Elle prévoit d’établir des partenariats avec des institutions bancaires régionales, notamment :

Banque de Kigali (Rwanda)

KCB Bank (Kenya)

CRDB Bank (Tanzanie)

Une telle interconnexion permettrait à la BDK de faciliter les transferts internationaux et de stimuler les échanges économiques avec les pays voisins, en contournant le système bancaire congolais contrôlé par Kinshasa.

Un enjeu politique et économique majeur

Le contexte de cette initiative ne peut être dissocié de la situation militaire et politique actuelle. La prise de contrôle de Goma et Bukavu par les forces du M23, avec le soutien présumé du Rwanda, a redéfini l’équilibre des pouvoirs dans la région.

Pour Kinshasa, la création de la BDK constitue une menace directe : elle pourrait consolider l’autonomie financière des rebelles et affaiblir l’influence du gouvernement congolais dans ces zones. En parallèle, elle permettrait aux groupes armés de pérenniser leur contrôle sur l’économie locale, en réduisant la dépendance des populations aux circuits financiers traditionnels.

Vers une normalisation économique sous contrôle rebelle ?

Selon plusieurs sources, avec la mise en service de la BDK, les populations de l’Est de la RDC auront accès à des services bancaires alternatifs, notamment :

Ouverture de comptes bancaires sous juridiction rebelle

Transactions sécurisées et accès au crédit

Facilitation des paiements et transferts internationaux

Cette évolution pourrait progressivement normaliser les échanges commerciaux sous l’autorité de l’AFC/M23, rendant leur administration plus stable et plus difficile à déloger.

Alors que le conflit continue de remodeler le paysage économique et politique de la région, la Banque du Kivu pourrait devenir un outil stratégique essentiel pour les rebelles. Son succès dépendra de sa capacité à s’imposer face aux sanctions de Kinshasa et à attirer la confiance des acteurs économiques locaux et régionaux.

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