
Un collectif de 82 organisations non gouvernementales basées au Nord-Kivu en République Démocratique du Congo lance ce 18 juin 2025 un appel urgent aux autorités nationales, aux partenaires techniques et financiers, ainsi qu’à la société Alphamin Bisie Mining SA (ABM), pour dénoncer le décalage alarmant entre les revenus miniers colossaux générés par l’exploitation de la mine de Bisie et la précarité persistante des communautés locales du territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu.
Depuis le début de l’exploitation industrielle du gisement d’étain par ABM en 2016, des milliards de dollars américains ont été générés. Pourtant, les populations riveraines ne voient aucun changement tangible dans leur quotidien. Bien au contraire, elles continuent de vivre dans une pauvreté extrême, sans accès suffisant à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation ou aux infrastructures de base.
Le collectif attire particulièrement l’attention sur un montant estimé à 30 millions de dollars américains dépensés entre 2016 et 2024 au titre de contributions sociales, de projets communautaires et de responsabilité sociétale. Ces fonds, qui devaient améliorer les conditions de vie des populations locales, semblent n’avoir eu aucun impact réel, en raison d’une gestion opaque et non participative.
Un audit indépendant, transparent et rigoureux des fonds déjà dépensés par ABM dans le cadre de ses engagements sociaux ;
Une évaluation sincère de l’impact des projets réalisés depuis le début des activités minières ;
La mise en place de mécanismes de gouvernance inclusive, permettant aux communautés locales de participer activement à la définition, à la mise en œuvre et au suivi des projets de développement .
La redevabilité effective de l’entreprise minière envers les communautés, en conformité avec les normes nationales et internationales en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
Les ONG insistent sur le fait que l’avenir de la population de Walikale est en jeu. Si les ressources naturelles du territoire doivent véritablement profiter à ses habitants, des réformes urgentes et structurelles s’imposent, tant au niveau de la gouvernance locale que dans les pratiques des entreprises opérant dans la région.
Ce plaidoyer se veut un appel à la justice sociale, à la transparence et à la solidarité, dans un contexte où les richesses du sous-sol ne doivent plus être une malédiction pour les populations, mais un levier de développement équitable et durable.
Faustin DUNIA CHANÇARD
Journaliste de paix