Le gouvernement congolais a annoncé, ce 27 mai 2025, le lancement du nouveau passeport biométrique de la République Démocratique du Congo. Un document de voyage annoncé comme plus sûr, plus moderne, et conforme aux standards internationaux. Présenté comme un symbole de la digitalisation des services consulaires, ce projet entre dans le cadre du Programme d’action du Gouvernement 2024-2028 sous l’impulsion du Chef de l’État, Félix Tshisekedi.
Ce nouveau passeport promet des fonctionnalités de sécurité avancées : micropuce RFID, page en polycarbonate, hologrammes de protection… Autant d’éléments salués comme une avancée notable pour un pays encore confronté à des défis sécuritaires et administratifs majeurs. Sa validité est maintenue jusqu’en 2030, coexistant avec l’ancien modèle.
Mais si la technologie évolue, une vieille polémique congolaise refait surface : celle du véritable coût du passeport.
75 USD officiellement, mais entre 150 et 300 USD sur le terrain
Officiellement, le nouveau passeport est désormais fixé à 75 dollars américains, selon les autorités. Une baisse significative par rapport au prix du précédent modèle, dont le coût officiel était de 99 USD. Pourtant, aucun Congolais n’a jamais réellement payé ce prix-là.
Dans les faits, l’ancien passeport coûtait entre 150 et 300 USD, selon les provinces et les intermédiaires impliqués dans le processus. Une situation dénoncée depuis plusieurs années comme une mafia administrative bien rodée, dans laquelle les citoyens se retrouvent contraints de payer le double, voire le triple du tarif officiel.
Et aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui craignent que l’annonce d’un tarif de 75 USD ne soit qu’un slogan, sans effet concret sur le terrain. Dans plusieurs ambassades de la RDC à l’étranger, le tarif du passeport reste encore à 150 USD, sans qu’aucune clarification ne soit apportée quant à l’harmonisation promise par le gouvernement.
Une réforme technologique en décalage avec la réalité des Congolais ?
Les autorités affirment que les démarches sont désormais plus simples, centralisées en ligne via le site www.passeport.gouv.cd, et qu’il sera possible de payer directement via Equity BCDC. Mais pour de nombreux citoyens, le problème n’a jamais été la technologie, mais bien la corruption systémique qui entoure la délivrance des documents administratifs.
Les annonces répétées de réforme suscitent une certaine lassitude dans la population, car l’expérience passée enseigne que la réalité sur le terrain contredit souvent les déclarations officielles.
Une initiative saluée, mais la confiance reste à construire
Personne ne nie la nécessité de moderniser les documents de voyage et d’améliorer leur sécurité. Mais pour qu’une réforme soit réellement efficace et crédible, elle doit être accompagnée d’une transparence totale sur les coûts, les procédures et les responsabilités.
Le peuple congolais ne demande pas l’impossible : il demande que le prix annoncé soit le prix payé, sans qu’il faille connaître quelqu’un, payer un “frais de motivation” ou faire des semaines de va-et-vient.
En attendant que la réforme prouve sa réalité dans les faits, la méfiance populaire reste vive. Car dans un pays où les annonces gouvernementales sont souvent perçues comme des effets d’annonce sans lendemain, seule l’application stricte sur le terrain pourra redonner confiance.
