À Kashebere, dans le territoire de Walikale, l’horreur ne cesse de s’intensifier. Trois infirmiers, arrachés à leur cachette dans la brousse par les rebelles de l’AFC/M23, sont aujourd’hui retenus de force dans le centre de santé local, vidé de tout, pour s’occuper de malades abandonnés à leur sort.
Depuis le retrait des forces rebelles de Walikale-centre début avril, Kashebere est tombé sous leur coupe. À leur arrivée, les combattants ont systématiquement pillé le centre de santé : médicaments, équipements médicaux, motos – tout a disparu. Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont ensuite capturé les trois soignants qui avaient fui pour sauver leur vie.
Aujourd’hui, ces professionnels de santé assistent, impuissants, à une tragédie silencieuse. Les patients meurent à petit feu, sans traitement, sans médicaments, sous leurs yeux. « Ils sont là, mais avec quoi peuvent-ils soigner ? Ceux qui les obligent à rester sont les mêmes qui ont tout volé », s’indigne le médecin directeur de l’hôpital de Kibua.
Le gestionnaire du centre de santé lance, lui aussi, un cri de détresse : « C’est une torture psychologique. On veut les transformer en boucs émissaires si jamais des patients décèdent. Mais comment peuvent-ils être responsables de l’impossible ? »
Pour l’heure, leur sort reste incertain. Aucune organisation humanitaire ne peut atteindre la zone toujours contrôlée par les rebelles. Et pendant ce temps, le silence du conflit couvre les pleurs des malades… et l’angoisse des soignants.