Depuis sa nomination à la tête de la province du Nord-Kivu, le général-major Evariste KAKULE SOMO, qui a remplacé le général Peter CHIRIMWAMI, a entamé ses premières actions en tant que gouverneur militaire. Basé à Beni, il a lancé des travaux d’asphaltage et de modernisation des routes sur l’axe Mbau-Kamango, un projet qui rappelle ceux initiés par son prédécesseur.
Toutefois, cette décision suscite de vives réactions alors que la province traverse l’une des crises sécuritaires les plus graves de son histoire. Depuis le 27 janvier 2025, la ville stratégique de Goma est sous le contrôle du M23, une situation qui bouleverse complètement la gestion de la province.
Un projet de développement en pleine crise sécuritaire
L’initiative du gouverneur intervient dans un contexte où le Nord-Kivu est fragmenté entre plusieurs forces. Tandis que Goma et plusieurs localités environnantes sont aux mains du M23, l’administration militaire congolaise ne contrôle plus qu’une partie réduite de la province, notamment Beni et certaines zones du sud.
Alors que la population attend des réponses claires sur la reconquête de Goma et d’autres territoires, le choix de se concentrer sur des projets d’infrastructure à Beni soulève des questions. Certains observateurs estiment que le développement est une nécessité, même en temps de guerre, tandis que d’autres dénoncent une approche qui semble ignorer l’urgence sécuritaire.
Des avis partagés sur les priorités du gouverneur militaire
D’un côté, les défenseurs du projet estiment que moderniser les infrastructures reste essentiel, même en pleine crise. Une meilleure connectivité pourrait faciliter le déploiement des forces armées congolaises (FARDC) et des humanitaires, renforcer l’économie locale et permettre aux populations d’accéder plus facilement aux services de base.
Cependant, de nombreux analystes et habitants expriment leur frustration. Avec Goma sous occupation et des milliers de déplacés en détresse, ils estiment que l’attention du gouverneur militaire devrait être entièrement tournée vers la récupération des territoires perdus et la protection des populations.
Un état de siège remis en question
Depuis la mise en place de l’état de siège en 2021, la gestion militaire du Nord-Kivu a été critiquée pour son manque d’efficacité face aux menaces sécuritaires. L’occupation de Goma par le M23 a renforcé ces critiques, de nombreux Congolais estimant que les autorités militaires ont échoué à protéger la ville et à anticiper la progression des rebelles.
Le général Peter CHIRIMWAMI, prédécesseur d’Evariste KAKULE SOMO, a été remplacé alors que le M23 progressait dangereusement vers Goma. Son départ a marqué un tournant, avec l’espoir d’un renforcement militaire, mais la chute de la ville aux mains des rebelles montre que la situation reste critique.
Dans ce contexte, le rôle du général-major Evariste KAKULE SOMO est particulièrement scruté. Sa capacité à articuler des mesures sécuritaires efficaces tout en poursuivant des projets de développement sera déterminante pour l’avenir de la province.
Quel avenir pour le Nord-Kivu ?
Alors que les combats continuent dans certaines zones et que la situation humanitaire s’aggrave, les priorités de l’administration militaire restent floues. Si les travaux d’infrastructure à Beni peuvent être bénéfiques à long terme, la reconquête de Goma et la sécurisation des populations déplacées restent des attentes majeures pour la population.
La question demeure : le gouverneur militaire pourra-t-il rétablir l’autorité de l’État dans une province où la situation semble lui échapper ?
