La société civile de la chefferie de Watalinga, dans le territoire de Beni, dénonce une vaste opération de fraude impliquant des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans l’exportation illégale de cacao vers l’Ouganda, à partir du poste frontalier de Nobili, situé à environ 90 kilomètres de la ville de Beni.
Selon Odette Zawadi Ngada, présidente de cette structure citoyenne, des éléments en uniforme et armés escorteraient régulièrement des cargaisons de cacao destinées à être écoulées de l’autre côté de la frontière. Elle évoque une complicité entre plusieurs services opérant à la frontière, facilitant ainsi cette contrebande :
« La fraude est organisée par différents services se trouvant le long de la frontière. Vous trouvez, par exemple, des colis de cacao qui sont accompagnés par des militaires en tenue et munis d’armes à feu. »
Face à ces accusations, le colonel Mak Hazukay, porte-parole du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord, a réagi en annonçant l’ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre des militaires impliqués. Il affirme que ces pratiques sont strictement individuelles et ne bénéficient d’aucun aval de la hiérarchie militaire :
« Aucune autorité militaire ne peut mandater un officier ou un soldat de l’armée pour la mission de tremper dans le commerce de cacao ou d’autres produits. Si ces allégations sont avérées, la justice militaire va s’en occuper. »
Cette affaire relance le débat sur la corruption et la porosité des postes frontaliers dans la région de Beni. Nobili et Kasindi restent les seuls points de passage encore contrôlés par le gouvernement dans le Nord-Kivu, après la prise de Bunagana, Ishasha, Munyaga, ainsi que des barrières de Goma par les rebelles de l’AFC/M23.