La République Démocratique du Congo (RDC) a officiellement demandé à la Formule 1 (F1) de mettre fin aux négociations avec le Rwanda, qui souhaite accueillir un Grand Prix dès 2026. Dans une lettre adressée au Président Directeur Général de la F1, Stefano Domenicali, la Ministre d’État et ministre des Affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dénoncé l’implication du Rwanda dans le conflit à l’Est de la RDC et a remis en question la provenance des fonds destinés à financer cet événement.
Une opposition frontale de la RDC
Le Président rwandais Paul Kagame avait annoncé officiellement la candidature de son pays à l’occasion de l’Assemblée générale de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) tenue à Kigali en 2024. Mais pour Kinshasa, cette ambition est inacceptable, compte tenu de l’occupation militaire de vastes territoires congolais par les troupes rwandaises et le M23.
Dans sa lettre à la F1, la cheffe de la diplomatie congolaise a évoqué un rapport de l’ONU confirmant la présence de 4 000 soldats rwandais en RDC. Elle accuse ces forces d’avoir violé la souveraineté congolaise et d’être responsables de la mort de 17 casques bleus depuis le début de l’année.
Elle a également souligné les récentes attaques de l’armée rwandaise sur Goma, qui auraient causé près de 3 000 morts, malgré un cessez-le-feu négocié entre la RDC et le Rwanda.
« La Formule 1 désire-t-elle vraiment associer son image à un pays impliqué dans un conflit meurtrier ? Est-ce réellement la meilleure nation pour représenter l’Afrique dans le sport automobile mondial ? », s’est-elle interrogée.
Des accusations sur le financement du Grand Prix
La Ministre congolaise a aussi remis en cause la source des financements que le Rwanda compte mobiliser pour accueillir un Grand Prix de F1. Selon elle, les fonds proviendraient du pillage des ressources minières congolaises dans les territoires occupés du Nord-Kivu, une activité illicite qui rapporterait environ 1 milliard de dollars par an à l’économie rwandaise.
Elle a rappelé que plusieurs rapports internationaux ont documenté la manière dont Kigali profite de l’exploitation illégale des minerais congolais, notamment ceux qualifiés de « minerais de sang ».
Une alternative africaine proposée : l’Afrique du Sud
Tout en soutenant l’idée d’un Grand Prix en Afrique, la RDC propose une alternative plus légitime : l’Afrique du Sud.
« Vous n’êtes pas obligés de choisir le Rwanda. L’Afrique du Sud est un choix plus approprié et une décision facile à prendre », a plaidé la Ministre.
Elle a rappelé que des soldats sud-africains engagés dans des missions de maintien de la paix en RDC avaient été tués par l’armée rwandaise, ce qui rendrait moralement inacceptable toute collaboration avec Kigali.
Pressions internationales accrues contre le Rwanda
Ce n’est pas la première fois que Kinshasa cherche à isoler diplomatiquement le Rwanda. Avant cette démarche, le gouvernement congolais avait appelé des clubs de football internationaux comme Arsenal, le Paris Saint-Germain et le Bayern Munich à cesser leur partenariat avec la campagne “Visit Rwanda”, qu’il considère comme un outil de propagande financé par des ressources volées à la RDC.
Cette nouvelle pression sur la Formule 1 s’inscrit dans une stratégie plus large visant à dénoncer l’implication du Rwanda dans le conflit congolais et à mobiliser la communauté internationale pour des sanctions contre Kigali.
Vers une décision de la FIA et de la F1 ?
Pour l’instant, la FIA et la Formule 1 n’ont pas encore réagi officiellement à la demande de la RDC. Si la candidature du Rwanda est maintenue, cela pourrait accentuer les tensions entre Kinshasa et Kigali, mais aussi provoquer des critiques de la part de plusieurs organisations internationales et ONG préoccupées par les violations des droits humains dans l’Est de la RDC.
La question reste donc ouverte : la Formule 1 acceptera-t-elle d’organiser un Grand Prix au Rwanda malgré les graves accusations qui pèsent sur le pays ?