Goma, 25 mai 2025 – C’est un retour qui fait trembler les fondements déjà fragiles de la République Démocratique du Congo. Joseph Kabila Kabange, ancien Chef de l’État congolais et autorité morale du Front Commun pour le Congo (FCC), a fait une apparition très remarquée ce dimanche dans la ville de Goma, actuellement sous contrôle de la rébellion M23/AFC soutenue par le Rwanda. Une arrivée que certains qualifient déjà de provocation politique majeure, tandis que d’autres y voient un sursaut d’un homme d’État soucieux de l’unité nationale.
🎯 Une arrivée soigneusement orchestrée
Selon plusieurs sources proches de l’ancien président, cette visite était planifiée et conforme à la promesse qu’il avait faite dans son dernier discours à la nation : “Je serai là où est le peuple”. Les porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka et Willy Ngoma, ont confirmé l’information sur leurs comptes X (ex-Twitter), souhaitant publiquement la bienvenue à l’ancien chef de l’État dans ce qu’ils appellent “les zones libérées”.
“L’ancien président de la RDC, M. Joseph Kabila, est arrivé dans la ville de Goma. Nous lui souhaitons un agréable séjour dans les zones libérées”, ont-ils déclaré.
🗣️ Un discours de rupture face à Kinshasa
Dans son allocution depuis Goma, Joseph Kabila n’a pas mâché ses mots. Il a accusé le gouvernement congolais actuel d’avoir abandonné les populations de l’Est :
“Vous avez été punis. Le gouvernement a déconnecté les institutions financières locales, restreint vos mouvements, et vous a plongés dans une précarité inhumaine.”
Ce discours sonne comme une rupture politique assumée avec Kinshasa, qu’il accuse indirectement de tyrannie et de gouvernance par la peur. Kabila exhorte à “humaniser les conditions de vie” dans l’Est et à réconcilier l’État avec ses citoyens, en particulier dans les zones les plus touchées par l’insécurité chronique.
📜 Un plan en 12 points pour “sauver la RDC”
Dans ce qu’il qualifie de “schéma de sortie du gouffre”, Joseph Kabila propose une feuille de route en 12 mesures :
- Mettre fin à la tyrannie ;
- Arrêter la guerre ;
- Rétablir l’autorité de l’État ;
- Restaurer la démocratie ;
- Rétablir les libertés fondamentales ;
- Réconcilier les Congolais ;
- Mettre en place une gouvernance économique rigoureuse ;
- Relancer un dialogue sincère avec les voisins ;
- Restaurer la crédibilité diplomatique du pays ;
- Neutraliser les groupes armés et organiser leur retour ;
- Bannir définitivement les mercenaires ;
- Ordonner le retrait de toutes les troupes étrangères du sol congolais.
Ce plan, qui s’adresse autant à Kinshasa qu’à la communauté internationale, est perçu par certains observateurs comme un véritable manifeste politique.
🧨 Une apparition controversée : soutien implicite au M23 ?
La coïncidence est troublante : Kabila entre à Goma au moment où la ville est sous contrôle du M23, groupe rebelle accusé de crimes de guerre et soutenu activement par le Rwanda. De nombreux analystes s’interrogent : Joseph Kabila revient-il en sauveur ou en stratège d’une recomposition politique brutale ?
Pour certains, cette visite pourrait confirmer les soupçons de la justice militaire, qui l’accuse d’entretenir des liens avec le M23. Ces accusations ont récemment entraîné la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat, un fait inédit pour un ancien président en RDC.
“Il s’agit d’une manœuvre bien huilée, destinée à redonner une légitimité politique à Kabila dans un contexte où Kinshasa peine à rétablir l’ordre dans l’Est”, explique un expert en géopolitique sous anonymat.
🔥 Entre loyauté ethno-régionale et projet politique
Le retour de Kabila à Goma soulève aussi la question de l’appartenance régionale et identitaire. Originaire du Katanga, Kabila garde une influence majeure dans l’Est, notamment chez certains cadres militaires et chefs traditionnels. Sa présence dans une zone tenue par une rébellion est un message fort : il ne reconnaît pas la souveraineté exclusive du pouvoir en place sur cette partie du territoire.
🎙️ Un appel au dialogue ou une déclaration de guerre politique ?
Kabila appelle à un dialogue sincère, mais ses mots sonnent comme une charge virulente contre le régime en place. Il évoque la “dictature”, le “rejet des libertés”, et la nécessité de “revenir aux fondamentaux d’un État de droit”. Des termes que certains comparent à un appel voilé à une transition politique.
📍 Conclusion : à quoi faut-il s’attendre ?
Le retour de Joseph Kabila à Goma marque un tournant majeur dans la crise congolaise. Que cela soit une tentative de médiation, un retour politique planifié ou une alliance trouble avec des forces rebelles, le silence de Kinshasa face à cette visite est assourdissant. Les prochaines semaines seront cruciales pour comprendre si la RDC entre dans une phase de désescalade ou d’escalade.