Depuis la prise de Goma par le M23 le 27 janvier 2025, la situation évolue rapidement dans la province du Nord-Kivu. Ce jeudi à 13h50, Corneille Nanga, cadre influent du mouvement rebaptisé Alliance pour un Congo Fédéral (AFC/M23), a pris la parole pour faire plusieurs annonces majeures. Parmi les mesures déclarées, figurent la volonté d’étendre leur contrôle vers Kinshasa, la reprise des activités dès la semaine prochaine, des changements dans l’administration provinciale et un appel lancé à la jeunesse.
Une ambition affichée : atteindre Kinshasa
L’une des déclarations les plus marquantes de Corneille Nanga concerne l’intention du M23 de poursuivre son avancée jusqu’à Kinshasa. Depuis plusieurs mois, le groupe armé consolide ses positions dans l’Est de la RDC, mais cette annonce traduit une ambition bien plus large : un contrôle progressif du territoire national.
Si cette déclaration semble avant tout stratégique, elle soulève de nombreuses interrogations quant à la capacité du M23 à réellement étendre son influence jusqu’à la capitale. Kinshasa, à plus de 2 500 km de Goma, reste un bastion du pouvoir congolais où les forces armées loyalistes sont encore solidement établies.
Un retour progressif à la normale annoncé
Dans un souci de gouvernance et de stabilité, Corneille Nanga a annoncé que les écoles, universités et services étatiques devraient rouvrir dès la semaine prochaine. Depuis la prise de Goma, une grande partie des activités économiques et administratives est paralysée, forçant la population à s’adapter à un quotidien incertain.
Cette reprise annoncée vise à normaliser la vie des habitants et à renforcer l’autorité du M23 dans la région. Cependant, de nombreux établissements scolaires et universitaires restent sceptiques quant aux conditions de cette réouverture, notamment en raison du climat d’insécurité persistant et du manque de garanties sur le maintien des infrastructures publiques.
Un taux de change en baisse : une annonce floue
Autre mesure économique annoncée : la baisse du taux de change. L’objectif serait d’améliorer le pouvoir d’achat des habitants du Nord-Kivu, mais aucune précision n’a été apportée sur la manière dont cette réduction sera appliquée.
Dans un contexte où la monnaie nationale (le franc congolais) subit de fortes pressions face au dollar américain, cette annonce pourrait signifier une régulation forcée du marché ou une tentative d’instaurer un système économique parallèle sous le contrôle du M23. Reste à voir si cette mesure sera réellement mise en œuvre et quelles en seront les conséquences sur l’économie locale.
Un nouveau gouvernement pour le Nord-Kivu
Dans le cadre de la restructuration de l’administration provinciale, le M23 a présenté les nouvelles autorités du Nord-Kivu :
- Gouverneur : Bahati Musanga Joseph
- Vice-gouverneurs : Manzi Willy & Amani Shadrack
Ces nouvelles figures politiques auront pour mission de gérer la province sous l’autorité du M23 et de mettre en œuvre les directives du mouvement. Ce changement marque une rupture nette avec l’administration précédente et officialise la mainmise du M23 sur le fonctionnement de la région.
Un appel aux jeunes pour renforcer les rangs du M23
Autre moment clé du discours de Corneille Nanga : l’invitation des jeunes à rejoindre le mouvement. Lors du meeting, plusieurs jeunes ont répondu à cet appel en montant sur le podium, affichant ainsi leur soutien au groupe armé.
Cet appel à l’engagement soulève des inquiétudes quant à une potentielle campagne de recrutement massif visant à renforcer les effectifs du M23. Dans un contexte où de nombreux jeunes de Goma et des environs se retrouvent sans emploi ni perspectives d’avenir, ce genre de discours pourrait séduire certains d’entre eux, augmentant ainsi l’influence du mouvement sur la jeunesse locale.
Quel avenir pour Goma sous le M23 ?
Les annonces faites par Corneille Nanga montrent que le M23 entend s’imposer comme un pouvoir politique et administratif durable dans le Nord-Kivu. Toutefois, plusieurs questions restent en suspens :
- Comment les autorités congolaises vont-elles réagir face à cette avancée ?
- Quelle sera la position de la communauté internationale ?
- Les mesures annoncées seront-elles réellement appliquées ?
La situation reste incertaine, et l’évolution des événements dans les jours à venir déterminera si le M23 peut réellement asseoir son autorité sur la région et au-delà. Une chose est sûre : Goma et le Nord-Kivu vivent un tournant historique dont les conséquences pourraient être majeures pour l’ensemble du pays.