Goma, 12 février 2025 – La ville de Goma continue de sombrer dans une spirale de violence incontrôlée. Ce mercredi, cinq personnes ont été tuées, dont quatre présumés voleurs lynchés et brûlés vifs par une population excédée par l’insécurité.
Un habitant tué, la population riposte violemment
Le quartier Mugunga, situé à l’ouest de Goma dans la commune de Karisimbi, a été le théâtre de cette nouvelle explosion de violence. Trois hommes accusés d’avoir assassiné un habitant, Richard Kabambi, ont été maîtrisés et exécutés par la foule en colère.
« On ignore pourquoi il a été tué, mais après leur forfait, ces hommes ont été attrapés et brûlés par les habitants », rapporte la société civile de Karisimbi.
Quelques heures plus tard, un autre présumé voleur a subi le même sort alors qu’il tentait de rançonner des passants dans le même quartier. Selon des témoins, son arme a été récupérée par les éléments du M23, qui contrôlent la ville depuis plus de deux semaines.
Une insécurité galopante après l’évasion massive de Munzenze
La situation sécuritaire de Goma s’est considérablement dégradée ces dernières semaines. L’évasion de milliers de prisonniers de la prison centrale de Munzenze, à la faveur de l’offensive des rebelles du M23/AFC, a contribué à une montée fulgurante de la criminalité.
En moins d’une semaine, près de dix personnes ont été tuées dans des actes de justice populaire, une réponse désespérée des habitants face à l’inaction des autorités.
Le chaos favorisé par la présence de groupes armés
Des analystes estiment que cette flambée de violence est exacerbée par la prolifération d’éléments armés dans la ville et ses environs. Outre les rebelles du M23, des groupes d’auto-défense appelés Wazalendo opèrent également dans la région, compliquant davantage la situation sécuritaire.
Face à cette montée de l’anarchie, Bintou Keita, cheffe de la Monusco, a exprimé sa profonde inquiétude lors de la 37e session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme. Elle a mis en garde contre les conséquences de la libération massive de détenus de Munzenze, qui a contribué à la recrudescence de la criminalité à Goma.
« La situation devient de plus en plus incontrôlable. Les habitants, livrés à eux-mêmes, appliquent une justice populaire qui pourrait encore aggraver le climat d’insécurité », alerte un observateur local.
Un appel urgent à la stabilisation de Goma
Alors que Goma continue de s’enfoncer dans le chaos, les appels à une intervention rapide pour restaurer l’ordre et la sécurité se multiplient. Si rien n’est fait, la ville pourrait sombrer dans une violence généralisée, alimentée par la présence incontrôlée de groupes armés et la frustration croissante des habitants.