Depuis la reprise des cours dans certaines écoles de Goma (Nord-Kivu), après les violents affrontements entre la rébellion de l’AFC/M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), l’école du Cinquantenaire peine toujours à fonctionner. Située dans la partie ouest de la ville, cette institution scolaire a été victime d’un pillage systématique lors de la prise de Goma par les rebelles le 27 janvier 2025.
Un établissement dévasté par la guerre
Jean-Luc Ndamaitse, proviseur de l’école, s’est confié ce lundi 24 février sur l’ampleur des dégâts causés par les hostilités.
« Actuellement, nous avons du mal à fonctionner, car les dégâts matériels sont considérables. Tout a été pillé par des inciviques : les salles de classe sont vides, les laboratoires scientifiques, y compris la bibliothèque et les bureaux administratifs, ont été vandalisés. Après une expertise comptable, le coût des biens pillés s’élève à plus de 738 000 dollars américains », a-t-il déclaré.
D’après lui, lors des combats du 26, 27 et 28 janvier, des pillards ont investi l’école, volant équipements et mobilier, et détruisant les infrastructures pédagogiques. Toutefois, un appel lancé par l’abbé curé de la paroisse de Mugunga a permis de récupérer certains biens comme des bancs, des livres et des tables.
Malgré cette catastrophe, l’administration scolaire appelle à une mobilisation générale pour relancer l’apprentissage.
Une reprise progressive sous conditions
Face à la situation critique, seules les classes de 7ᵉ et 8ᵉ années ont repris ce lundi. La reprise des cours s’effectuera progressivement, en fonction de la disponibilité des infrastructures. Les parents, en concertation avec l’école, ont accepté de contribuer à hauteur de 40 dollars par élève pour fabriquer de nouveaux bancs et chaises.
« L’école du Cinquantenaire était un joyau pour la province du Nord-Kivu, mais elle a été l’une des plus grandes victimes de la guerre. Nous comptons sur l’aide des autorités et des partenaires techniques et financiers pour une reprise totale. Les finalistes doivent garder espoir, ils passeront leurs examens d’État malgré cette épreuve », a insisté Jean-Luc Ndamaitse.
Par ailleurs, d’autres écoles de Goma, notamment le complexe scolaire Un Jour Nouveau et le Lycée Amani, ont également rouvert leurs portes après des semaines de perturbation. Ces établissements ont entrepris des travaux de réparation et d’assainissement pour permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité.
Un climat d’incertitude pour les parents et élèves
Si certaines écoles reprennent timidement, l’insécurité persistante continue d’inquiéter les parents. Nombreux hésitent encore à envoyer leurs enfants en classe, redoutant de nouvelles violences.
Par ailleurs, de nombreux élèves déplacés restent bloqués à Kinshasa, Bukavu ou en Ouganda, incapables de regagner Goma. Avec une fin d’année scolaire prévue dans trois mois, beaucoup d’entre eux craignent pour leur avenir académique.
Alors que la ville tente de se reconstruire après les combats, la relance du secteur éducatif demeure un défi majeur. L’école du Cinquantenaire, autrefois une référence académique à Goma, incarne aujourd’hui les souffrances d’un système éducatif fragilisé par la guerre.
