Une mesure des autorités du M23 pour lutter contre le recel
La mairie de Goma, sous l’administration de l’AFC/M23, a annoncé la fermeture immédiate des marchés informels « Tora » et « Bwaka », connus pour la vente de biens d’occasion, dont certains seraient issus de vols. Dans un communiqué officiel signé le 11 mars 2025 par le maire Katembo Ndalieni Julien, l’autorité urbaine explique que cette décision vise à limiter la revente d’objets volés et renforcer la sécurité dans la ville.
Cette mesure intervient alors que plusieurs habitants dénoncent la montée de l’insécurité, notamment les vols à main armée et les cambriolages. , Mais encore faut-il que des alternatives soient proposées aux vendeurs honnêtes. »
C’est une bonne chose si cela permet de réduire les vols dans la ville stime Éric M., un habitant du quartier Himbi. Mais encore faut-il que des alternatives soient proposées aux vendeurs honnêtes. »
Tora et Bwaka : des marchés au cœur de l’économie locale
À Goma, les marchés « Tora » et « Bwaka » étaient bien établis et jouaient un rôle important dans la vente de biens de seconde main :
- « Tora » était spécialisé dans la vente de téléphones d’occasion et autres appareils électroniques.
- « Bwaka » concernait les meubles, planches, chaises et divers équipements ménagers.
Ces marchés attiraient de nombreux acheteurs à la recherche de produits abordables, mais ils étaient aussi perçus comme des lieux de recel d’objets volés, ce qui a motivé leur fermeture par la mairie sous contrôle du M23.
Cependant, certains commerçants se disent pris au dépourvu. Jean-Pierre K., vendeur de téléphones à « Tora », témoigne :
« On nous ferme le marché du jour au lendemain sans nous dire où aller. Tous les vendeurs ici ne sont pas des receleurs. Nous avons des clients, des familles à nourrir. Que va-t-on devenir ? »
Une décision du M23 qui suscite des réactions
Si la fermeture de ces marchés s’inscrit officiellement dans une volonté de lutter contre l’insécurité et le commerce illégal, elle soulève plusieurs questions. Les vendeurs légaux se retrouvent sans espace de vente et aucune mesure alternative n’a été annoncée pour régulariser la commercialisation des biens d’occasion.
D’autres observateurs estiment que cette décision pourrait également faire partie d’une stratégie de réorganisation du commerce local sous l’autorité du M23, qui contrôle désormais la ville.
“C’est peut-être une façon pour eux de mieux contrôler le commerce et d’imposer leurs propres taxes”, pense Aimé S., un commerçant de Bwaka. “On ne sait pas si c’est vraiment pour lutter contre le vol ou si c’est pour d’autres raisons.”
Les autorités du M23 mobilisées pour appliquer la mesure
Le communiqué précise que les bourgmestres, les chefs de quartiers et les forces de l’ordre sous l’autorité du M23 sont chargés de faire appliquer la fermeture. Des sanctions sont prévues contre toute personne tentant de maintenir ces marchés ouverts ou de créer de nouveaux points de vente illégaux.
De son côté, la population réagit avec prudence. “On verra bien si cela change quelque chose. Mais si après ça les vols continuent, alors cela voudra dire que ce n’étaient pas les marchés le vrai problème”, affirme Aline T., résidente du quartier Katindo.
Un avenir incertain pour les vendeurs de biens d’occasion
À ce jour, la mairie dirigée par l’AFC/M23 n’a pas annoncé de solution pour les commerçants affectés. Certains redoutent que cette interdiction pousse le commerce vers des circuits clandestins, tandis que d’autres attendent d’éventuelles nouvelles réglementations pour encadrer la vente d’objets d’occasion dans des espaces contrôlés.
Si on veut vraiment stopper la vente d’objets volés, il faut aussi s’attaquer aux vrais criminels, pas juste fermer les marchés”
souligne Didier N., un mécanicien de Goma.
Conclusion
La fermeture des marchés « Tora » et « Bwaka » marque une nouvelle étape dans la gestion de Goma sous l’administration du M23. Si la décision vise à réduire la criminalité et la revente d’objets volés, son impact économique et social reste une question ouverte. L’avenir des vendeurs concernés et les conséquences sur l’économie locale dépendront des prochaines mesures prises par les autorités en place.