Après plusieurs jours de coupure, l’accès à Internet a été rétabli a Goma ce dimanche 2 février 2025. Cette restauration de la connexion fait suite à une interruption généralisée survenue le lundi 27 janvier, coïncidant avec la prise de contrôle de Goma par le groupe armé M23.
Toutefois, malgré le retour d’Internet, de nombreux Congolais constatent que certaines plateformes restent inaccessibles, notamment TikTok et X (anciennement Twitter). Ce blocage ne concerne pas seulement Goma, mais s’étend à l’ensemble du territoire national, suscitant de nombreuses interrogations et inquiétudes.
Un blocage inexpliqué mais ciblé
Depuis le rétablissement d’Internet, les utilisateurs en RDC peuvent à nouveau accéder aux services en ligne, naviguer sur le web et utiliser la plupart des applications de messagerie comme WhatsApp, Messenger et Telegram. Facebook et Instagram fonctionnent également sans problème. En revanche, toute tentative de connexion à TikTok et X échoue systématiquement, peu importe le fournisseur d’accès à Internet (FAI) utilisé.
Aucune explication officielle n’a été donnée par les autorités congolaises ou les entreprises de télécommunications sur les raisons de ce blocage. Cependant, plusieurs analystes estiment qu’il pourrait s’agir d’une mesure visant à contrôler la diffusion d’informations dans un contexte de crise sécuritaire et politique.
Un précédent en RDC et ailleurs
Ce n’est pas la première fois que la RDC restreint l’accès à certains services en ligne. Lors des élections de décembre 2018, l’accès à Internet avait été coupé pendant plusieurs jours pour, selon les autorités de l’époque, « préserver l’ordre public ». De même, en 2021 et 2023, des interruptions ciblées avaient été observées lors de manifestations politiques et de troubles sociaux.
Ce genre de restrictions n’est pas unique à la RDC. D’autres pays africains, comme l’Éthiopie, l’Ouganda et le Nigeria, ont déjà bloqué ou limité l’accès à certaines plateformes en période de tensions politiques ou électorales.
Un impact sur l’information et l’économie numérique
Le blocage de TikTok et X a des conséquences importantes pour de nombreux Congolais. D’un côté, ces plateformes sont des sources essentielles d’information, en particulier X qui est souvent utilisé pour le partage de nouvelles en temps réel. D’un autre côté, TikTok est une plateforme populaire pour les créateurs de contenu, les influenceurs et les entrepreneurs qui y trouvent un moyen de promouvoir leurs activités.
« Nous utilisons TikTok pour faire connaître nos produits et interagir avec nos clients. Ce blocage est un coup dur pour notre commerce », explique un jeune entrepreneur de Kinshasa.
De même, les journalistes et activistes dénoncent une atteinte à la liberté d’expression. « X est un outil de communication et de mobilisation important. En bloquant son accès, les autorités limitent notre capacité à informer et à alerter sur ce qui se passe réellement dans le pays », regrette un journaliste indépendant basé à Lubumbashi.
Les Congolais contournent le blocage avec des VPN
Face à cette restriction, de nombreux Congolais ont recours aux VPN (réseaux privés virtuels) pour contourner le blocage et accéder à X et TikTok. Cette solution permet de masquer l’adresse IP et de se connecter à Internet via un autre pays, rendant ainsi le filtrage inefficace.
« J’ai installé un VPN et maintenant je peux à nouveau utiliser X. Mais ce n’est pas pratique, car la connexion devient plus lente et certaines applications ne fonctionnent pas correctement », explique un utilisateur de Goma.
Vers une levée du blocage ?
À ce stade, il est difficile de savoir si TikTok et X seront bientôt rétablis en RDC. Les autorités n’ont fait aucune déclaration officielle à ce sujet, et les FAI restent silencieux.
Toutefois, si la pression publique et internationale augmente, une levée du blocage pourrait être envisagée. En attendant, les Congolais s’adaptent, utilisant d’autres canaux pour s’informer et communiquer, tout en espérant un retour rapide à la normale.