Floribert Bwana Chui : l’intégrité jusqu’au martyre

Benediction Murabazi
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Parmi les figures les plus inspirantes de la République démocratique du Congo contemporaine, le nom de Floribert Bwana Chui bin Kositi résonne comme un appel au courage, à la vérité et à la foi. Dix-huit ans après son assassinat, il reste un symbole puissant de la lutte contre la corruption et du témoignage chrétien vécu jusqu’au don de soi.

Un parcours marqué par l’engagement

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Né à Goma le 13 juin 1981, Floribert Bwana Chui grandit dans l’Est de la RDC, une région marquée par les conflits, les inégalités et les tensions frontalières. Très tôt, il se distingue par son sérieux, son éthique et sa foi catholique profonde. Jeune diplômé, il entre à l’Office Congolais de Contrôle (OCC), où il se voit confier un rôle crucial : inspecter les marchandises entrant sur le sol congolais, notamment via la frontière avec le Rwanda.

Mais Floribert n’était pas qu’un technicien zélé. Il était également membre actif de la Communauté de Sant’Egidio, un mouvement catholique laïc engagé dans la solidarité avec les plus pauvres. Chaque semaine, il donnait de son temps aux enfants des rues de Goma – les « maibobo » –, les accompagnant avec patience et fraternité, mû par une foi vivante et incarnée.

Un choix de conscience aux conséquences fatales

Le destin de Floribert bascule au début du mois de juillet 2007. Chargé de contrôler un convoi venu du Rwanda, il découvre une cargaison de plus de 16 tonnes de riz et de farine avariés. Refusant de céder aux pressions, malgré des menaces explicites et des tentatives de corruption évaluées à l’équivalent de dix années de salaire, il fait bloquer l’entrée des marchandises.

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Ce geste de courage et d’intégrité lui coûte la vie. Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2007, Floribert est enlevé, torturé puis assassiné à l’âge de 26 ans. Il meurt parce qu’il a préféré la vérité au compromis, et la justice au silence.

Une reconnaissance ecclésiale et morale

Son assassinat suscite l’émotion à Goma et bien au-delà. Très vite, son nom devient synonyme de résistance morale face à la corruption. Pour beaucoup, Floribert n’est pas seulement un fonctionnaire courageux, mais un véritable martyr de la foi et de l’éthique publique.

Cette conviction a été formellement reconnue par l’Église catholique. Le 25 novembre 2024, le pape François a validé que Floribert est mort « en haine de la foi », reconnaissant son martyre chrétien. Il sera béatifié le 15 juin 2025 à Rome, à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, lors d’une cérémonie présidée par le cardinal Marcello Semeraro. Une messe commémorative sera également célébrée à Goma le 8 juillet, jour anniversaire de sa mort.

Une mémoire vivante et féconde

Le nom de Floribert Bwana Chui ne s’efface pas. Au contraire, il continue d’inspirer. À Goma, à Kinshasa, et dans plusieurs villes d’Afrique centrale, des écoles, des initiatives sociales et des propositions de lois portent sa mémoire. Des citoyens, des jeunes militants, des croyants et des fonctionnaires intègres se réclament de son exemple.

Dans un pays souvent miné par la corruption et le clientélisme, sa vie devient un repère moral et civique, un modèle silencieux mais puissant de résistance, de dignité et de fidélité aux principes.

Un héritage pour les générations futures

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L’histoire de Floribert Bwana Chui n’est pas seulement celle d’un jeune homme courageux assassiné pour avoir fait son devoir. C’est l’histoire d’un choix radical : mettre la vie, la vérité et la foi au-dessus des intérêts personnels. C’est aussi un appel lancé à chaque citoyen congolais – et au-delà – à ne pas céder au fatalisme.

À une époque où l’éthique publique semble souvent reléguée à l’arrière-plan, la mémoire de Floribert rappelle qu’il est possible de résister sans violence, de servir sans trahir, et de mourir sans renier ses valeurs.

Floribert Bwana Chui, un nom à retenir. Un exemple à suivre.

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