Annoncés pour ce mercredi 9 avril 2025, les pourparlers entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et la rébellion du M23, sous la médiation du Qatar, débutent dans un climat tendu. En cause : le cahier des charges présenté par la rébellion, comportant des conditions qualifiées de “mesures de confiance” pour engager les discussions.
Face à ces exigences, le député national Steve Mbikayi a vivement réagi, dénonçant une « imposture inacceptable » de la part du M23. Dans une tribune libre, il accuse la rébellion de chercher à obtenir par la pression psychologique ce que « le droit, la démocratie et la légitimité populaire leur refusent ».
« Les chefs du M23 veulent hausser les enchères en amont pour maquiller leur faiblesse en posture de force », analyse l’élu de Mont-Amba.
Parmi les revendications pointées du doigt, figure l’exigence d’une déclaration officielle du président Félix Tshisekedi reconnaissant sa volonté de dialoguer directement avec la rébellion. Steve Mbikayi y voit une capitulation symbolique, une manière d’imposer une reconnaissance politique à un groupe responsable de massacres dans l’Est du pays.
Autre condition problématique : l’annulation d’une résolution parlementaire de novembre 2022, qui s’opposait à l’intégration des groupes armés au sein de l’armée régulière, ainsi que l’effacement de résolutions judiciaires visant les cadres du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo (AFC).
« C’est une insulte à notre système judiciaire, mais aussi à la mémoire des victimes de Goma et à ceux qui résistent encore à la terreur », s’indigne Mbikayi.
Le député s’est également insurgé contre la demande d’arrêt des poursuites contre des membres et collaborateurs du M23, la qualifiant d’absurde :
« Qui peut croire qu’en pleine guerre, un État puisse relâcher ceux qui renseignent, organisent et soutiennent une rébellion ? »
Il dénonce enfin le discours victimaire du M23 autour des prétendues persécutions contre les Kinyarwandophones, qu’il qualifie de « cynisme rare » :
« Le peuple congolais ne rejette pas les communautés, mais ceux qui les instrumentalisent pour trahir la nation. Le kinyarwanda n’est pas une excuse pour le chaos. »
Pendant ce temps, les délégations de Kinshasa et du M23 sont déjà présentes à Doha, où elles doivent s’asseoir à la même table sous l’égide discrète de l’émirat du Qatar. Ces discussions font suite à l’échec du dialogue direct prévu à Luanda le 18 mars dernier. Ce jour-là, Félix Tshisekedi et Paul Kagame s’étaient rencontrés à Doha autour de l’émir Tamim ben Hamad Al Thani, sans qu’aucune avancée majeure n’ait été obtenue.