À l’occasion du 12ᵉ anniversaire de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo (RDC) et dans la région, le Docteur Denis Mukwege a dénoncé la persistance de l’agression rwandaise dans l’Est du pays, la qualifiant de « menace existentielle sans précédent ».
Une « annexion » du territoire congolais dénoncée
Dans un message publié ce 24 février 2025, le Prix Nobel de la Paix 2018 a fustigé l’invasion de vastes territoires congolais par des groupes rebelles soutenus par l’armée rwandaise, soulignant que cette occupation prend « le visage d’une annexion », avec l’installation d’administrations parallèles illégitimes.
« La République Démocratique du Congo subit une menace existentielle sans précédent depuis plus de 25 ans, avec l’agression du régime de Kigali et l’invasion de larges pans du territoire national, en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. »
Mukwege estime que ces actes violent les appels au cessez-le-feu et bafouent les efforts diplomatiques engagés pour restaurer la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs africains.
L’Accord-Cadre d’Addis-Abeba : une opportunité non exploitée
Le Docteur Mukwege appelle à la revitalisation de l’Accord-Cadre signé en 2013, qui visait à s’attaquer aux causes profondes des violences en RDC. Il regrette cependant que le manque de volonté politique des autorités congolaises, la mauvaise foi des États déstabilisateurs et l’inaction des institutions internationales aient conduit à une escalade de la crise.
« Il est regrettable de constater que l’absence de pression internationale et le manque de mobilisation diplomatique ont favorisé l’enlisement de la situation. Il n’est jamais trop tard pour agir et prendre des mesures urgentes et décisives. »
Mukwege réclame des sanctions contre les agresseurs
Face à cette situation alarmante, Mukwege exhorte la communauté internationale à passer des paroles aux actes en imposant des sanctions fermes contre l’armée rwandaise et le M23. Il préconise notamment :
- La suspension de toute coopération militaire et sécuritaire avec les parties impliquées dans l’agression.
- Des sanctions ciblées contre les États et individus responsables de l’occupation illégale des territoires congolais.
- Une mobilisation accrue des institutions internationales pour contraindre les agresseurs au respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord-Cadre.
« À l’instar de tous les peuples, la Nation congolaise a le droit de disposer d’elle-même et de vivre en paix. »
Denis Mukwege insiste sur la nécessité d’actions concrètes pour restaurer la souveraineté de la RDC et mettre fin à l’instabilité chronique qui mine l’Est du pays depuis plus de deux décennies.