Kinshasa, le 19 avril 2025 – La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une nouvelle étape critique de sa vie politique. Dans une série de communiqués officiels publiés ce samedi, deux ministères clés du gouvernement congolais – le Ministère de la Justice et le Ministère de l’Intérieur – ont annoncé des mesures drastiques contre Joseph Kabila Kabange, ancien Président de la République, ainsi que contre son parti politique, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), et la plateforme Front Commun pour le Congo (FCC).
Accusations Graves : Trahison et Complicité avec l’AFC/M23
Le communiqué n°098 du Ministère de la Justice, signé par le Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, révèle que des poursuites judiciaires sont engagées contre Joseph Kabila et ses alliés politiques du PPRD/FCC. Ils sont accusés de haute trahison pour leur implication présumée dans l’agression militaire menée par le Rwanda via le mouvement terroriste M23/AFC, responsable de la prise de plusieurs localités à l’Est du pays, dont la ville stratégique de Goma.
Le Ministre indique qu’une injonction a été donnée à l’Auditeur Général des FARDC et au Procureur Général près la Cour de cassation pour initier ces procédures. De plus, la saisie de tous leurs biens mobiliers et immobiliers a été ordonnée, ainsi que l’imposition de mesures de restriction de mouvement à l’encontre des responsables du PPRD/FCC.
Suspension du PPRD sur Tout le Territoire National
Dans un second communiqué n°25/CAB/VPM/MININTERSEDECAC/SLBJ/09/2025, le Ministère de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, dirigé par le Vice-Premier Ministre Shabani Lukoo Bihango J., a officialisé la suspension des activités du PPRD sur toute l’étendue du territoire national.
Les raisons avancées incluent :
L’ambiguïté de l’attitude de Joseph Kabila, en tant qu’ancien chef de l’État et autorité morale du PPRD, qui n’a jamais publiquement condamné l’agression rwandaise ni l’occupation du territoire national par le M23/AFC. Son retour controversé à Goma, ville alors sous contrôle de l’ennemi, où il bénéficie curieusement de sécurité.
Le Ministère de l’Intérieur a également annoncé son intention de saisir le Parquet près la Cour Constitutionnelle pour porter ces faits et envisager des sanctions supplémentaires, en vertu de la loi sur les anciens Présidents de la République.
Base Légale de la Décision Gouvernementale
La suspension du PPRD s’appuie notamment sur les articles 29, 30 et 31b de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 sur l’organisation et le fonctionnement des partis politiques. En parallèle, l’article 6 de la même loi ainsi que l’article 5 de la loi sur les anciens Chefs de l’État sont invoqués pour justifier l’éventuelle levée des privilèges dont bénéficie encore Joseph Kabila, en raison de son “activisme avéré” dans cette guerre d’agression.
Contexte Sécuritaire : L’Est de la RDC en Péril
Depuis plusieurs mois, l’Est de la RDC, notamment les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, est le théâtre d’une guerre brutale orchestrée par les rebelles du M23, soutenus militairement par le Rwanda, selon plusieurs rapports des Nations Unies et du gouvernement congolais. La prise de Goma, capitale du Nord-Kivu, a marqué un tournant dramatique, poussant les autorités congolaises à intensifier la lutte contre l’impunité et les complicités internes.
Réactions Politiques Attendues
La décision de traduire en justice un ancien chef de l’État pour haute trahison est inédite dans l’histoire récente de la RDC. Elle soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la plateforme FCC et la reconfiguration politique majeure qui pourrait s’opérer dans les jours à venir.
L’opinion nationale et internationale attend désormais une réaction de la part de Joseph Kabila, silencieux depuis les accusations. Des observateurs s’inquiètent de l’impact de cette décision sur la stabilité politique déjà fragile du pays.
Conclusion : Vers une Nouvelle Ère Politique ?
Ces mesures marquent un tournant historique dans la gouvernance congolaise, symbolisant la volonté affichée du gouvernement de Félix Tshisekedi de rompre avec l’impunité et de protéger l’intégrité territoriale du pays face aux ingérences étrangères. Toutefois, leur mise en œuvre effective, ainsi que les réactions des alliés politiques de Kabila, pourraient redéfinir durablement le paysage politique congolais.