Les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), plus connus sous le nom de Wazalendo du Grand-Nord, haussent le ton. Dans une déclaration publique rendue ce lundi à Butembo, ces combattants engagés aux côtés des FARDC dans la résistance contre le M23 dénoncent leur marginalisation dans les efforts de résolution du conflit à l’est de la République Démocratique du Congo, tout en posant des conditions fermes à leur participation future.
Une guerre prolongée, une colère accumulée
Depuis près de quatre ans, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu vivent au rythme d’une guerre dévastatrice. Les Wazalendo rappellent que ce conflit dépasse le cadre d’un simple soulèvement armé : il s’agit, selon eux, d’une agression planifiée et soutenue par le Rwanda, avec l’appui d’acteurs internationaux. Le M23, bras armé de cette stratégie, est accusé de multiples atrocités à l’encontre des civils : massacres, viols, déplacements forcés et pillages.
Face à cette situation, les Wazalendo dénoncent un sentiment d’abandon général. « Ce n’est plus une guerre ordinaire, mais une entreprise de démembrement territorial et de prédation des ressources », soutient Assa Paluku Mahamba, porte-parole du mouvement.
Diplomatie ou duplicité ?
Les initiatives diplomatiques en cours, notamment l’accord de principe signé récemment à Washington entre la RDC et le Rwanda, sont perçues comme de nouvelles manœuvres de diversion. Pour les Wazalendo, ces négociations sont menées sans transparence et visent davantage à satisfaire des intérêts géopolitiques qu’à ramener une paix juste et durable.
« Ce ne sont pas des pourparlers pour le peuple congolais, mais pour ceux qui se battent pour leur influence sous couvert de paix. Le Congo ne se négocie pas à huis clos », tranche leur porte-parole.
Un rejet des arrangements de façade

Le mouvement critique ouvertement la logique d’intégration des groupes armés au sein des institutions militaires et politiques, considérée comme un facteur d’impunité et de chaos institutionnel. Les exemples passés, de l’AFDL au CNDP en passant par le M23, sont cités comme preuves de l’échec des « dialogues de capitulation », qui ont selon eux affaibli l’État au lieu de le renforcer.
Ignorés, mais toujours en première ligne

Sur le terrain, les Wazalendo affirment avoir été engagés dans les combats sans soutien logistique adéquat, parfois sans munitions ni ravitaillement, pendant que d’autres forces mieux dotées restaient inactives. Ils dénoncent un traitement inéquitable et une mise à l’écart systématique des processus décisionnels concernant l’avenir du pays.
En réponse, ils formulent trois revendications centrales :
1. Leur intégration dans la Réserve Armée de la Défense (RAD), à condition que la formation soit assurée par l’armée ougandaise (UPDF), jugée plus fiable que les FARDC ;
2. Le rejet de toute forme d’accord politique avec les groupes rebelles, perçus comme les instruments d’une recolonisation déguisée ;
3. L’appel à une mobilisation nationale des patriotes, pour défendre l’intégrité territoriale et restaurer la souveraineté populaire.
Vers une nouvelle phase de résistance ?
Cette déclaration marque peut-être un tournant. Les Wazalendo du Grand-Nord annoncent le lancement imminent de consultations pour fédérer les forces patriotiques, dans une dynamique qui pourrait déboucher sur une structuration plus formelle de la résistance populaire.
À l’heure où la diplomatie multiplie les signatures et où le front piétine, cette prise de parole résonne comme un avertissement : il ne saurait y avoir de paix durable sans ceux qui en paient le prix au quotidien.