L’affaire du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo vient de connaître un tournant majeur ce mercredi 23 avril 2025. Le ministère public, dans ses réquisitions devant la Cour constitutionnelle, a formellement désigné l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo comme le principal responsable du détournement présumé de 115 millions de dollars américains ayant été alloués à ce projet phare du gouvernement congolais entre 2014 et 2016.
Selon le ministère public, les éléments réunis au cours de l’instruction démontrent l’implication directe de l’ancien chef du gouvernement dans ce qu’il qualifie de « scandale financier d’envergure nationale ». Il a ainsi requis 20 ans de servitude pénale principale, assortis d’une interdiction définitive d’exercer toute fonction publique, tout en demandant l’arrestation immédiate de Matata Ponyo, qu’il considère comme en fuite judiciaire en refusant de comparaître aux dernières audiences.
Cette demande intervient alors que l’intéressé, aujourd’hui député national et président du parti Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), a décidé de ne plus se présenter devant la Cour constitutionnelle, évoquant une violation de ses immunités parlementaires, reconnue par l’Assemblée nationale lors de sa plénière du 17 avril dernier.
Pour rappel, le projet Bukanga Lonzo avait été lancé avec pour ambition de faire du pays un acteur majeur dans la production agroalimentaire. Mais depuis, il est devenu le symbole d’un échec retentissant, marqué par une mauvaise gestion, des détournements présumés de fonds publics et l’abandon total du site.
L’accusation soutient que le détournement des 115 millions USD a été orchestré à travers des sociétés écran, des surfacturations et une chaîne de complicités qui remonterait jusqu’au sommet de l’exécutif de l’époque. Le nom de l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, est également cité dans le dossier, avec une comparution prévue dans les jours à venir.
La tension politique monte donc d’un cran en République démocratique du Congo, alors que cette affaire sensible intervient dans un climat électoral sous haute pression et dans un contexte où les opposants dénoncent une instrumentalisation de la justice.
Les prochaines heures s’annoncent décisives pour le sort judiciaire de l’ancien Premier ministre, qui rejette en bloc les accusations, qu’il qualifie de persécutions politiques.