La situation économique à Goma et Bukavu devient de plus en plus critique alors que la guerre continue de paralyser ces deux villes. De nombreuses entreprises locales suspendent leurs activités, mettant des centaines de travailleurs au chômage forcé, souvent sans indemnité ni salaire.
Des entreprises en difficulté : Cimak, Trabemco et Bralima à l’arrêt
Depuis le 15 mars, la société Cimak a brusquement suspendu ses employés, les laissant sans salaire. Une décision difficile pour les travailleurs, d’autant plus que l’hôpital de l’entreprise continue de fonctionner, ce qui témoigne d’une gestion désorganisée face à la crise.
Trabemco, une société de construction routière, fait face à des difficultés similaires. Ses agents, dont certains cumulent entre 8 et 10 mois d’arriérés de salaire, sont laissés à eux-mêmes. Le patron de l’entreprise se justifie en expliquant que la guerre a causé l’annulation de nombreux contrats. « Nous ne savons plus comment honorer nos engagements financiers », aurait-il déclaré.
À Bukavu, la Bralima, l’une des plus grandes brasseries du pays, a également suspendu ses activités. Cette décision affecte non seulement les employés de l’entreprise, mais aussi toute une chaîne de distribution dépendante de ses productions. La Bralima, pilier économique de la région, se voit contrainte d’interrompre ses opérations, aggravant davantage la situation économique locale.
Les fonctionnaires de l’État abandonnés
Les agents de la DGRAD (Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation) sont également affectés par cette crise. Cela fait plus de sept mois qu’ils n’ont pas perçu leurs salaires. De plus, depuis janvier 2025, de nombreux agents étatiques ont cessé de recevoir leur rémunération, malgré leur statut régulier et leur matricule officiel.
Certains fonctionnaires qui ont la chance de percevoir encore un salaire, souvent limité à 50 dollars par mois, sont confrontés à des défis supplémentaires. Sans carte bancaire, il leur est impossible d’accéder à leurs maigres revenus.
Des banques paralysées, des épargnes bloquées
Les établissements bancaires, fermés en raison de l’insécurité, bloquent les petites économies de nombreux citoyens. Ceux qui possèdent des cartes bancaires cherchent désespérément à retirer de l’argent dans les distributeurs automatiques du Rwanda, mais à un coût exorbitant. Pour retirer 100 dollars, certains sont contraints de payer jusqu’à 25 dollars de frais de transaction.
Une insécurité alimentaire alarmante
Les conséquences de cette crise économique se traduisent par une insécurité alimentaire grandissante. Les familles n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins alimentaires de base, et la faim devient une menace imminente.
« Les gens vont mourir de faim ! L’insécurité alimentaire est un fléau ! » s’alarme un habitant de Goma, qui tente tant bien que mal de nourrir sa famille dans ce contexte dramatique.
Alors que les villes de Goma et Bukavu sont en proie à des conflits armés, les difficultés économiques aggravent le désespoir de la population. La communauté internationale et les autorités locales sont interpellées pour apporter une aide urgente à cette population démunie.