La Direction générale des douanes et accises (DGDA) du Nord-Kivu a fait volte-face après un tollé général. Elle dément être l’auteur d’une note qui aurait instruit sa sous-direction de Beni de considérer toute marchandise provenant de Goma, Bunagana et Ishasha — zones occupées par les rebelles du M23 — comme une nouvelle importation nécessitant une procédure de dédouanement.
Dans un communiqué officiel publié ce mardi 4 mars depuis Beni, où il opère désormais après la chute de Goma, le directeur provincial de la DGDA, Paul Kayembe Ngindu, qualifie cette note de « falsification malveillante » visant à le discréditer. Il rejette fermement toute idée de considérer les marchandises provenant des territoires occupés comme étrangères et met en garde contre ce qu’il appelle « le poison rwandais », réaffirmant que la RDC restera une et indivisible.
Un rétropédalage après une vive polémique
Ce revirement semble pourtant motivé par la réaction massive suscitée par la note du 28 février, dont l’authenticité a été confirmée à MonJournal.co par un agent de la DGDA-Beni et un douanier exerçant à Butembo.
« La note était bien authentique. On nous avait clairement instruits de traiter toute marchandise venant des zones occupées comme une importation étrangère. La mesure devait entrer en vigueur ce mardi 4 mars, mais elle a provoqué une levée de boucliers sur les réseaux sociaux, obligeant notre directeur provincial à se rétracter. » — Témoignage anonyme d’un agent de la DGDA-Beni.
Une mesure perçue comme une atteinte à l’unité nationale
Sur les réseaux sociaux, deux principales critiques ont émergé :
- Un risque de balkanisation : De nombreux internautes ont accusé la DGDA de renforcer la séparation entre les zones occupées et celles contrôlées par Kinshasa, en les traitant comme des territoires étrangers.
- Un avantage pour les économies voisines : Des observateurs dénoncent une décision contre-productive qui bénéficierait aux commerçants rwandais et ougandais, au détriment des opérateurs économiques congolais qui, de peur d’être accusés de financer la rébellion, pourraient cesser leurs activités dans les zones occupées.
Le député honoraire Jean-Baptiste Kasekwa, élu de Goma, s’est indigné sur X (ex-Twitter) :
« Ces mesures profitent aux opérateurs économiques rwandais qui revendiquaient déjà l’exclusivité des importations vers Goma et Bukavu. Pendant ce temps, les commerçants congolais s’appauvrissent sous le poids de la guerre et des tracasseries. Révoltant ! »
Face à cette fronde populaire, la DGDA a dû faire marche arrière, mais la controverse met en lumière les tensions économiques et stratégiques liées à l’occupation de certaines parties du Nord-Kivu.