Alors que les combats s’intensifient dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les groupes armés profitent du chaos pour multiplier les attaques contre les civils, notamment en Ituri et dans le Tanganyika. C’est le constat dressé le jeudi 27 février 2025 par Bruno Lemarquis, Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires, lors du lancement du plan de réponse humanitaire pour l’année 2025.
Une « polycrise » aux conséquences désastreuses
« La situation aujourd’hui en République Démocratique du Congo est bien plus qu’une simple aggravation de la crise existante. Nous sommes face à une polycrise d’une ampleur inédite. Tandis que l’offensive du M23 et des Forces Rwandaises de Défense se poursuit, d’autres groupes armés, notamment les ADF et CODECO, exploitent la déstabilisation des forces loyalistes pour intensifier leurs attaques contre les civils dans d’autres régions », a déploré Bruno Lemarquis.
Selon les sources humanitaires, plus de 100 personnes ont été tuées en Ituri depuis début février, principalement des femmes, des enfants et des déplacés.
Des attaques meurtrières en Ituri
Les violences s’aggravent dans le territoire de Djugu, où les miliciens CODECO ont attaqué le site de déplacés de Djaiba. La riposte conjointe des FARDC et de la MONUSCO n’a pas empêché la population de fuir vers la base militaire des Nations Unies pour y passer la nuit, craignant de nouvelles attaques.
« Chaque jour qui passe, des vies humaines et des villages sont détruits en Ituri… mais ces morts n’intéressent pas l’opinion », s’indigne Gratien Iracan, député national élu de Bunia.
Dans les territoires de Djugu et Mahagi, les affrontements entre CODECO et le groupe Zaïre continuent, exacerbant les tensions communautaires entre les Lendu et les Hema. Depuis la reprise des violences en 2017, des milliers de personnes ont été tuées, des millions déplacées, et les violations du droit international humanitaire se multiplient.
Une situation humanitaire critique
En 2024, près de 1,36 million de personnes, soit 18% de la population de l’Ituri, avaient déjà été déplacées. La détérioration rapide de la situation en 2025 laisse craindre une nouvelle catastrophe humanitaire.
Face à cette escalade, la communauté internationale tarde à réagir, tandis que les populations locales continuent de subir les assauts répétés des groupes armés.