La situation alimentaire en République Démocratique du Congo (RDC) continue de se détériorer, en particulier pour les déplacés retournés dans leurs villages après les récentes offensives des rebelles du M23. Un rapport du Cluster Sécurité Alimentaire révèle que ces populations, au nombre de plus de 80 000, vivent sans réserves alimentaires ni moyens de subsistance.
Des conditions de survie alarmantes
Une évaluation rapide multisectorielle menée entre le 10 et le 14 février dans les zones de Kasizi, Kingarame et Buhumba (territoire de Nyiragongo) montre que 73 % des retournés n’ont aucune réserve alimentaire et 23 % ne disposent de nourriture que pour une ou deux semaines.
« L’accès à la nourriture est extrêmement limité pour les familles de retour, qui n’ont ni réserves alimentaires ni moyens d’acheter de la nourriture. Presque toutes les récoltes et les stocks ont été pillés par des groupes armés, laissant les rapatriés dans des conditions désastreuses », indique le rapport.
Face à cette crise :
- 70 % des ménages retournés ont un score de consommation alimentaire pauvre
- 85 % recourent à des stratégies de survie extrêmes, comme sauter des repas ou passer des journées sans manger
Un accès humanitaire de plus en plus difficile
L’aide humanitaire est fortement compromise en raison de :
🚫 La fermeture de l’aéroport de Goma
🚫 Les retards douaniers et restrictions de visas pour le personnel humanitaire
🚫 L’impossibilité d’accéder à Goma et Bukavu par la route en raison des combats
Une crise humanitaire qui s’aggrave
D’après l’analyse IPC 2024, 25,6 millions de personnes en RDC étaient déjà en insécurité alimentaire aiguë, dont 3,1 millions en phase d’urgence (Phase 4 IPC). Mais avec la progression du M23, la situation empire :
- 700 000 déplacés s’entassaient déjà autour de Goma en janvier
- 42 000 demandeurs d’asile ont fui vers le Burundi après la chute de Bukavu
- Des milliers d’autres se dirigent vers Uvira, Tanganyika et la Zambie
Les sites de déplacés sont détruits, les infrastructures sanitaires et d’eau potable sont endommagées, et des milliers d’enfants sont livrés à eux-mêmes.
Sans une réaction humanitaire d’urgence, la famine risque de décimer les plus vulnérables dans les semaines à venir.