RDC-Rwanda : L’Union Européenne face à un tournant décisif – vers une rupture historique avec Kigali ?

Benediction Murabazi
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Ce lundi 24 février 2025, le Conseil de l’Union européenne (UE) se réunit pour examiner d’éventuelles sanctions contre le Rwanda, une décision qui pourrait marquer un tournant historique dans les relations entre l’Europe et Kigali. Cette initiative fait suite aux accusations persistantes de soutien du Rwanda aux rebelles du M23, responsables d’exactions et de l’occupation de plusieurs territoires à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Une pression croissante sur Kigali

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Le 13 février dernier, le Parlement européen a adopté une résolution dénonçant fermement la présence des troupes rwandaises (RDF) sur le sol congolais et leur appui au M23. Ce texte exige le retrait immédiat des forces rwandaises et la fin de toute ingérence. Les eurodéputés ont également recommandé la suspension de l’accord entre l’UE et le Rwanda sur les matières premières critiques, un partenariat stratégique qui pourrait être remis en cause si Kigali ne change pas de posture.

Cette pression ne vient pas seulement de l’Europe. Les États-Unis ont déjà pris des mesures concrètes en imposant des sanctions ciblées contre des responsables rwandais et des commandants du M23. Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment exigé le retrait des RDF de la RDC, renforçant ainsi l’isolement diplomatique du Rwanda.

L’Union Européenne face à un dilemme géopolitique

Si certains États membres de l’UE, comme la Belgique, prônent des sanctions fermes, y compris la suspension de l’aide financière et des accords commerciaux, d’autres pays restent plus prudents. Ils redoutent les conséquences d’une rupture brutale des relations avec Kigali, notamment dans des domaines sensibles comme la coopération sécuritaire et la gestion des ressources naturelles.

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La Commission européenne, quant à elle, met en garde contre une suspension de l’accord sur les matières premières, craignant que cela n’entrave les efforts de régulation du secteur minier et ne favorise davantage les circuits illégaux.

Vers une reconfiguration des alliances ?

Si l’UE adopte des sanctions contre le Rwanda, les répercussions pourraient être majeures. Kigali pourrait durcir sa position en restreignant sa coopération avec l’Europe et en renforçant ses alliances avec d’autres partenaires, notamment la Chine et la Russie. Sur le terrain, cela pourrait également aggraver la crise humanitaire en RDC, où des millions de civils subissent déjà les conséquences du conflit.

Cette réunion du Conseil de l’UE s’annonce donc cruciale : l’Europe doit trancher entre fermeté et pragmatisme. Quelle que soit la décision prise, elle redéfinira inévitablement les rapports de force dans la région des Grands Lacs et au-delà.

En attendant, les populations congolaises, premières victimes de cette guerre, espèrent enfin voir la communauté internationale prendre ses responsabilités et exiger une paix durable.

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