Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a décidé de ne pas participer au sommet de l’Union africaine (UA) prévu à Addis-Abeba (Éthiopie). Cette décision intervient alors que la situation sécuritaire à l’est de la RDC se détériore rapidement, notamment après la prise de l’aéroport de Kavumu par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Retour précipité de Félix Tshisekedi à Kinshasa
Actuellement en Allemagne pour participer à la Conférence de Munich sur la sécurité, le chef de l’État congolais a choisi d’écourter son séjour à l’étranger afin de retourner à Kinshasa dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 février 2025. Cette décision traduit l’urgence et la gravité de la crise sécuritaire qui secoue l’est du pays.
En son absence, c’est la Première ministre, Judith Suminwa, qui assurera la représentation de la RDC au sommet de l’Union africaine. Elle était déjà désignée pour parler au nom du pays lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, un organe clé dans la gestion des conflits en Afrique.
Le M23 prend le contrôle de l’aéroport de Kavumu, à quelques kilomètres de Bukavu
Le vendredi 14 février 2025, les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise selon les autorités congolaises et l’ONU, ont réalisé une nouvelle avancée stratégique dans la province du Sud-Kivu. Ils ont réussi à s’emparer de l’aéroport de Kavumu, situé à quelques kilomètres seulement de Bukavu, la capitale provinciale.
Cette prise représente une menace majeure pour Bukavu, une ville clé du Sud-Kivu qui pourrait être la prochaine cible de la rébellion. L’aéroport de Kavumu, qui sert de plaque tournante pour les vols militaires et humanitaires, permet désormais au M23 de renforcer sa logistique et d’intensifier son offensive.
Un sommet sous tension avec la présence de Paul Kagame
Alors que Félix Tshisekedi choisit de rester en RDC pour gérer la crise sécuritaire, le président rwandais Paul Kagame participera, lui, au sommet de l’Union africaine ainsi qu’à la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Cette présence risque d’accentuer les tensions, alors que Kinshasa accuse ouvertement Kigali de soutenir le M23 dans sa conquête de l’est du Congo.
La non-participation de Félix Tshisekedi à ce sommet pourrait également être perçue comme un désaveu diplomatique à l’égard de l’Union africaine, dont la gestion de la crise dans l’est de la RDC est largement critiquée par les autorités congolaises.
Une série d’absences remarquées de Tshisekedi sur la scène diplomatique
Depuis l’attaque du 23 janvier contre Goma, Félix Tshisekedi a adopté une stratégie plus discrète sur la scène diplomatique. Il a notamment brillé par son absence à plusieurs rencontres régionales importantes, dont le sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et celui de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Cette absence répétée s’explique en partie par les doutes croissants de Kinshasa quant à l’efficacité des instances régionales dans la résolution du conflit. La RDC s’oriente de plus en plus vers un partenariat militaire avec la SADC, au détriment de l’EAC, jugée trop conciliatrice avec le Rwanda.
Vers une nouvelle escalade militaire ?
Avec la prise de l’aéroport de Kavumu et la menace sur Bukavu, la guerre dans l’est de la RDC prend une tournure encore plus inquiétante. L’armée congolaise (FARDC), appuyée par les groupes d’autodéfense Wazalendo, tente de ralentir l’avancée du M23, mais la supériorité militaire de la rébellion pose un véritable défi.
Dans ce contexte, le retour précipité de Félix Tshisekedi à Kinshasa pourrait marquer un tournant dans la réponse militaire congolaise. Des décisions stratégiques majeures sont attendues dans les prochains jours, alors que la situation continue de se dégrader sur le terrain.
Conclusion
La détérioration rapide de la situation sécuritaire à l’est de la RDC oblige Félix Tshisekedi à prioriser la gestion de la crise interne au détriment des rencontres diplomatiques. L’offensive du M23 vers Bukavu et la prise de l’aéroport de Kavumu aggravent les tensions, alors que la RDC peine à mobiliser un soutien international efficace face à ce qu’elle considère comme une agression directe du Rwanda.