La situation sécuritaire continue de se détériorer dans l’est de la République démocratique du Congo, alors que les rebelles du M23, soutenus selon l’ONU par le Rwanda, ont pris le contrôle d’Ihusi et de Kalehe Centre, dans la province du Sud-Kivu. Désormais, ils progressent dangereusement vers l’aéroport de Kavumu, un site stratégique situé à environ 45 kilomètres de la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.
Offensive éclair du M23 dans le Sud-Kivu
Depuis la chute d’Ihusi et de Kalehe Centre, plusieurs sources locales signalent d’intenses affrontements sur l’axe Kasheke-Kabamba, une localité située à 15 kilomètres de l’aéroport de Kavumu. Ces combats opposent les rebelles du M23 aux forces armées congolaises (FARDC) et à des groupes d’autodéfense locaux.
L’armée congolaise a dénoncé cette nouvelle violation du cessez-le-feu par les rebelles, soulignant que ces derniers appliquent actuellement la stratégie du « talk and fight » (discuter tout en combattant). Cette montée en puissance de l’offensive intervient alors qu’un sommet des chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en Tanzanie avait appelé à un cessez-le-feu immédiat.
Malgré ces appels à la désescalade, la rébellion du M23 continue d’étendre son contrôle sur de vastes zones du Sud-Kivu, adoptant une approche agressive similaire à celle utilisée pour s’emparer de larges portions du Nord-Kivu, notamment la ville stratégique de Goma.
Le M23 justifie son avancée et accuse les FARDC
Dans un communiqué publié mercredi, la rébellion du M23 a justifié la poursuite des combats en accusant l’armée congolaise de violations des droits humains à Bukavu et à Katana. Selon le M23, ces exactions seraient à l’origine de leur décision de ne pas respecter le cessez-le-feu préconisé par la communauté internationale.
Ce discours est rejeté par Kinshasa, qui accuse Kigali d’instrumentaliser cette rébellion pour maintenir son emprise sur les ressources minières de l’est de la RDC. Plusieurs rapports des Nations unies ont déjà confirmé la présence des Forces de défense rwandaises (RDF) aux côtés du M23, une allégation que le gouvernement rwandais continue de nier en bloc.
Une nouvelle menace sur Bukavu et l’aéroport de Kavumu
L’avancée du M23 inquiète les autorités congolaises et les populations locales, car la prise de l’aéroport de Kavumu représenterait un tournant stratégique majeur dans ce conflit. Cet aéroport, le plus important de la province du Sud-Kivu, est essentiel pour le transport de troupes, de matériel militaire et de l’aide humanitaire.
Si Kavumu tombe entre les mains des rebelles, Bukavu pourrait rapidement être menacée. Cette ville, qui abrite plusieurs bases militaires congolaises et des bureaux d’organisations humanitaires internationales, pourrait subir un sort similaire à celui de Goma, actuellement sous contrôle rebelle.
Un revers diplomatique pour Kinshasa
Cette offensive du M23 intervient alors qu’une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) participait à une réunion de paix avec Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), aujourd’hui à la tête de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une plateforme politique alliée au M23. Cette coïncidence met en lumière les difficultés de Kinshasa à obtenir un règlement pacifique du conflit.
Alors que la guerre dans l’Est de la RDC s’intensifie, la communauté internationale reste divisée sur la meilleure approche à adopter face à la crise. Les autorités congolaises continuent de dénoncer le soutien du Rwanda aux rebelles, appelant à des sanctions économiques et diplomatiques contre Kigali.
Une crise humanitaire qui s’aggrave
L’avancée du M23 dans le Sud-Kivu entraîne également une catastrophe humanitaire majeure. Des milliers de civils fuient les combats, cherchant refuge dans des zones déjà surpeuplées et dépourvues d’infrastructures adaptées pour les accueillir. Les organisations humanitaires alertent sur le manque de vivres, de médicaments et d’abris pour ces déplacés qui s’entassent dans des conditions précaires.
De son côté, l’armée congolaise semble dépassée par la rapidité des offensives du M23, en dépit du renfort des Wazalendo (groupes d’autodéfense locaux). Avec la menace grandissante sur Bukavu et l’aéroport de Kavumu, la question reste de savoir si les FARDC seront capables de contenir cette avancée ou si le Sud-Kivu pourrait tomber sous contrôle rebelle, comme cela s’est produit dans le Nord-Kivu.
Conclusion
La guerre à l’Est de la RDC prend une tournure alarmante avec l’avancée rapide du M23 vers Bukavu et Kavumu. Alors que les combats se rapprochent de zones stratégiques, la situation humanitaire s’aggrave et la pression sur le gouvernement congolais s’intensifie. L’issue de cette bataille pourrait redéfinir les dynamiques du conflit et la stabilité de toute la région des Grands Lacs.
