Depuis ce lundi 3 février 2025, une scène inhabituelle se déroule devant la maison d’habillement Kasé Chine, située au cœur de la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu. Plusieurs personnes, qui avaient participé aux pillages ayant frappé la ville la semaine précédente, reviennent remettre spontanément les biens volés, sans aucune contrainte ni présence des forces de l’ordre.
Une Restitution Inattendue et Mystérieuse
Selon des témoins, un fort engouement s’observe à l’entrée de Kasé Chine, où hommes et femmes déposent habits, chaussures et autres biens de valeur qu’ils avaient emportés lors des pillages. Ce qui frappe le plus les observateurs, c’est l’absence totale d’intervention militaire ou policière.
« Nous n’avons vu ni militaire, ni policier devant eux, ils remettaient les biens volés de leur propre gré, c’est incroyable ce qui se passe, on ne comprend pas », témoigne un habitant stupéfait.
D’autres témoins sur place affirment que ces personnes déposent les articles volés, puis repartent immédiatement, sans être arrêtées ni inquiétées. La scène, aussi surprenante qu’inexplicable, intrigue les habitants et suscite de nombreuses interrogations.
Une Ville Secouée par les Pillages
Le magasin Kasé Chine fait partie des centaines de commerces pillés lors des récents affrontements entre les rebelles du M23/AFC et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Wazalendo.
Pendant plusieurs jours, la ville de Goma a été le théâtre d’une violence intense, plongeant les habitants dans une situation de chaos. Profitant du désordre généré par les combats, des bandes organisées et des individus isolés se sont livrés à des actes de pillage massif dans divers quartiers commerciaux.
Des boutiques, supermarchés, pharmacies et magasins de vêtements ont été vidés de leur contenu, laissant de nombreux commerçants ruinés et impuissants face aux pertes colossales.
Pourquoi Ce Geste de Restitution ?
Le phénomène de restitution volontaire observé devant Kasé Chine soulève de nombreuses questions. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce comportement :
- La Peur des Conséquences
- Certains pensent que ces pilleurs craignent une réaction des autorités ou des représailles de la communauté. Bien que l’armée et la police ne soient pas intervenues directement, une enquête sur les pillages pourrait être en cours, poussant certains à anticiper une possible arrestation.
- Un Poids de la Conscience
- Dans une ville où le tissu social reste fort, il est possible que certains pillards aient été rattrapés par leur conscience ou influencés par la pression morale et religieuse de leur entourage. Le sentiment de culpabilité pourrait jouer un rôle clé dans ces restitutions.
- Une Influence Mystique ou Spirituelle
- Dans certains cercles, des rumeurs circulent sur une éventuelle intervention mystique ou spirituelle qui pousserait les voleurs à retourner les objets volés. Ce genre de croyance n’est pas rare dans certaines régions du Congo, où la crainte des malédictions peut influencer les comportements.
- Une Tentative d’Absoudre la Faute
- Certains experts estiment que ces restitutions pourraient être une manière d’éviter des sanctions communautaires. Dans plusieurs cultures, rendre un bien volé avant d’être attrapé peut être perçu comme un geste de repentance qui réduit la gravité de l’acte.
Une Ville en Quête de Réhabilitation
Alors que les pillages ont causé d’énormes pertes aux commerçants de Goma, cette scène de restitution spontanée pourrait être le signe d’un début de prise de conscience collective. Toutefois, il reste à voir si cette tendance va se généraliser à d’autres commerces pillés ou s’il s’agit d’un cas isolé.
Les autorités locales et les forces de l’ordre n’ont pas encore commenté officiellement ces événements. Il demeure incertain si des mesures spécifiques seront prises pour sanctionner les pillages passés ou encourager ces restitutions.
En attendant, les habitants de Goma restent fascinés par ce phénomène inédit, qui montre une facette inattendue de la gestion post-crise dans une ville éprouvée par la guerre.
