a crise sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de mobiliser la communauté internationale. Face à la persistance du conflit et à l’aggravation de la situation humanitaire, un sommet conjoint entre la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) se tiendra ce samedi en Tanzanie. Ce sommet, qui réunira plusieurs chefs d’État de la région, sera marqué par la présence confirmée du président congolais Félix Tshisekedi et de son homologue rwandais Paul Kagame, deux figures clés dans cette crise régionale.
Un sommet de la dernière chance ?
L’annonce de la participation des présidents congolais et rwandais a été faite par William Ruto, président du Kenya et actuel président en exercice de l’EAC. Ce sommet se veut une nouvelle tentative de médiation dans un conflit qui s’enlise depuis plusieurs années, opposant notamment l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23, que Kinshasa accuse d’être soutenus par Kigali.
Cette rencontre est particulièrement cruciale à un moment où la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, est sous la menace directe des rebelles du M23. Depuis la prise de plusieurs localités stratégiques par ces derniers, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée, poussant des milliers de civils à fuir les combats.
Un dialogue sous tension entre Tshisekedi et Kagame
Les relations entre la RDC et le Rwanda sont extrêmement tendues. Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement le M23 en lui fournissant des armes et en l’aidant militairement sur le terrain. De son côté, Kigali rejette ces accusations et affirme que le problème est purement interne à la RDC, notamment lié à la gestion des groupes armés dans l’est du pays.
Félix Tshisekedi a multiplié ces derniers mois les appels à la communauté internationale pour condamner ce qu’il qualifie d’agression rwandaise et a demandé des sanctions contre Kigali. De son côté, Paul Kagame a toujours maintenu une position défensive, accusant Kinshasa de collaborer avec les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), un groupe armé issu des génocidaires rwandais de 1994.
Ce sommet pourrait être l’occasion pour les deux dirigeants de discuter directement et de tenter d’apaiser les tensions. Cependant, les précédentes tentatives de médiation, notamment à travers les processus de Luanda et de Nairobi, n’ont pas abouti à des avancées concrètes sur le terrain.
Les attentes des partenaires régionaux et internationaux
La SADC et l’EAC, qui soutiennent chacune une approche différente de la résolution du conflit, espèrent que cette rencontre aboutira à des engagements fermes des deux parties. La SADC a récemment déployé une force militaire en RDC pour appuyer les FARDC dans la lutte contre le M23, tandis que l’EAC avait auparavant envoyé une force régionale (EACRF), dont le mandat s’est terminé en 2023 sans réel impact sur le terrain.
L’ONU, l’Union africaine et plusieurs puissances occidentales suivent également de près cette crise qui menace la stabilité de toute la région des Grands Lacs. Washington et Bruxelles ont déjà exprimé leur préoccupation face à l’escalade des violences et ont exhorté les deux pays à privilégier la voie du dialogue.
Vers une solution durable ou un sommet de plus ?
Si la présence de Félix Tshisekedi et Paul Kagame à ce sommet marque un pas vers un dialogue, il reste à voir si cela se traduira par des mesures concrètes sur le terrain. Les populations de l’est de la RDC, prises au piège des affrontements, attendent avec impatience des actions qui mettront fin aux violences et favoriseront un retour à la paix.
L’issue de cette rencontre pourrait donc être déterminante pour l’avenir de la région. Toutefois, au regard des tensions persistantes et des intérêts divergents des acteurs impliqués, il n’est pas certain que ce sommet parvienne à résoudre une crise aussi complexe que celle de l’est de la RDC.
