Depuis la prise de Goma par les rebelles du M23 le 27 janvier 2025, la ville est plongée dans une situation de chaos marqué par des actes de pillage, de vandalisme et d’insécurité généralisée. Parmi les nombreuses entreprises victimes de cette crise, les Établissements Nzoli, une société spécialisée dans la vente de motos et de pièces détachées, ont subi un saccage d’une ampleur sans précédent.
Située dans le quartier Katindo, cette entreprise, qui représentait la Maison Haojue, un fournisseur majeur de motos en République Démocratique du Congo, a été complètement vidée de son stock et de ses équipements. En l’espace de deux jours, des individus non identifiés ont méthodiquement pillé les lieux, emportant 930 motos neuves, trois conteneurs remplis de pièces de rechange, et une somme estimée à 45 000 dollars américains. À cela s’ajoute la destruction quasi totale des installations, portant le coût des pertes à plus de 2,7 millions de dollars américains.
Source: Sur le mur Facebook de Diamant Noir Albat.
Un Pillage Méthodique et une Dévastation Totale
Selon des témoins sur place, les pillards ont commencé leur assaut dès la soirée du 27 janvier 2025, profitant du climat d’anarchie provoqué par l’entrée du M23 dans la ville. Des jeunes, en groupes organisés, ont forcé les portes du dépôt de la société avant de s’attaquer aux stocks de motos neuves. Les 930 engins à deux roues ont été évacués en quelques heures, certains conduits immédiatement hors du site tandis que d’autres ont été chargés dans des véhicules.
En parallèle, trois conteneurs remplis de pièces de rechange – incluant des moteurs, des roues, des suspensions et divers accessoires – ont été vidés. Ces pièces de grande valeur, essentielles au commerce de la société, ont disparu sans laisser de traces.
Outre le vol massif, le bâtiment a été saccagé de fond en comble. Les pillards ont arraché les installations sanitaires, démonté les portes, les sièges de bureau, les fils électriques, et les ampoules. Quatre véhicules appartenant à l’entreprise ont été démontés et dépiécés sur place, ne laissant derrière eux que des carcasses métalliques inutilisables. Pire encore, un dépôt contenant des marchandises a été incendié, achevant la destruction des stocks restants.
Une Perte Économique Considérable
Les responsables des Établissements Nzoli estiment le coût total des pertes et des dommages à plus de 2,7 millions de dollars américains. Cette somme inclut non seulement la valeur des motos volées et des pièces de rechange, mais aussi les dégâts matériels et les équipements de l’entreprise qui ont été détruits ou emportés.
Au-delà de la perte financière directe, ce pillage met en péril l’avenir de l’entreprise, qui employait plusieurs dizaines de personnes à Goma. Avec l’anéantissement complet de son stock et la destruction de ses infrastructures, il sera difficile pour les Établissements Nzoli de reprendre leurs activités dans un avenir proche.
Un Contexte de Chaos et d’Insécurité
Ce pillage s’inscrit dans un climat plus large de désordre et de violence à Goma depuis la prise de la ville par le M23. La population vit dans la peur, les commerces sont fermés, et plusieurs quartiers ont été le théâtre de scènes de pillages et de violences. De nombreux magasins, entrepôts et institutions ont été pris pour cible, souvent sous l’œil impuissant des habitants et des rares forces de l’ordre encore présentes.
Depuis plusieurs jours, l’absence d’une autorité étatique stable et la dégradation des conditions sécuritaires ont laissé le champ libre aux pillards. Des jeunes en quête de butin ont profité de la situation pour attaquer des commerces, allant jusqu’à démonter et voler des infrastructures publiques et privées.
Un Avenir Incertain pour les Commerçants de Goma
Alors que la ville est toujours sous contrôle du M23, la reprise des activités économiques semble compromise pour de nombreuses entreprises locales. Les Établissements Nzoli, qui figuraient parmi les plus importants distributeurs de motos dans la région, pourraient ne jamais se relever de cet événement tragique.
Les pertes subies sont non seulement financières, mais aussi humaines et sociales : plusieurs employés se retrouvent désormais sans emploi, et la population, déjà éprouvée par l’instabilité de la région, voit un acteur économique majeur disparaître.
Les autorités locales et les organisations économiques appellent à une restauration rapide de l’ordre et à une aide aux commerçants affectés, mais tant que la situation sécuritaire restera précaire, l’avenir des entreprises de Goma restera incertain.
En attendant, les habitants de la ville, déjà frappés par la guerre et l’insécurité, assistent impuissants à la destruction de leur tissu économique, espérant un retour à la paix qui semble encore hors de portée.